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Covid-19: comment le gouvernement en est-il arrivé à l'hypothèse du couvre-feu?

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Depuis plusieurs jours, l'exécutif ne cesse de distiller publiquement comme en privé des messages alarmistes sur le regain de l'épidémie de coronavirus qui menacerait de submerger le système de santé, notamment à Paris où la situation est jugée "dramatique".

Le mot est tombé: "couvre-feu". Comme vous le révélaient RMC et BFMTV lundi soir, le gouvernement envisage la mise en place d'un couvre-feu dans certaines grandes villes touchées par le Covid-19, dont Paris. 

Derrière cette arme brandit depuis lundi soir par l'exécutif, l'objectif est de marquer les esprits et provoquer un "électrochoc" dans l'opinion. Et ce, au-delà, même des Français qui pourraient être directement concernés par la mesure. Cette mesure, si cela était confirmé, impliquerait donc la fermeture en soirée des restaurants, des cinémas, des théâtres et une limitation des déplacements. Sont particulièrement visés Paris et l'Ile-de-France où la circulation du virus s'est soudainement accélérée ces derniers jours en raison du mauvais temps mais aussi certaines métropoles.

Et pour cause: les derniers chiffres montrent encore une augmentation globale du nombre de personnes en réanimation (1.633 pour une capacité actuelle nationale d'environ 5.000 lits) et 84 décès en 24 heures, avec un bilan global de près de 33.000 morts en sept mois.

Si ce choix se confirme, la question la plus importante sera bien sûr l'horaire: 20h est la piste privilégiée à ce stade par l'exécutif pour Paris ou 22h. Deux heures qui changeront tout dans l'application pratique de ce couvre-feu, mais aussi au niveau de son impact économique et sanitaire. Le choix est crucial, en fonction de l'horaire choisi "La différence du nombre de morts se chiffre par dizaine de milliers", alerte l'entourage du chef de l'Etat.

Et les questions posées par cet éventuel couvre-feu sont nombreuses. Est-ce le retour des attestations et des dérogations pour pouvoir se déplacer la nuit? Pour quelles raisons les déplacements resteront autorisés? Ou est-ce la simple fermeture des commerces à partir d'une certaine heure sans interdiction officielle de déplacement? Quid des transports en commun continueront-ils à circuler normalement?

"Le plus tôt sera le mieux"

Selon nos informations, les opérateurs d'Ile-de-France travaillent déjà sur plusieurs scénarios, comme la quasi fermeture du réseau ou la forte baisse des cadences. Mais la question la plus cruciale reste, bien sûr, celle de l'horaire: 20h ou 22h? La question doit être tranchée par Emmanuel Macron d'ici à ce soir. Pour le ministère de la Santé, "le plus tôt sera le mieux".

Quoi qu'il arrive, "Il faut marquer les esprits car la situation est grave, catastrophique sur le plan sanitaire" disait un proche du chef de l'Etat à RMC. Mais l'expression même de couvre-feu et ce qu'elle symbolise ne fait pas en revanche l'unanimité chez les scientifiques et les médecins.

Le président des doyens de facultés de médecine la considère "excessive" et peut-être contre-productive car "nous ne sommes pas aujourd'hui en guerre". C'est pourtant la solution que le gouvernement pourrait retenir pour tenter de réduire les soirées festives et les rassemblements entre amis à défaut de pouvoir réglementer les événements dans la sphère privée, lieux de forte contamination.

Enfin plusieurs hypothèses semblent écartées. Evoqué encore récemment par le premier ministre, l'heure ne seraient pas aux reconfinements locaux. Les écoles, les collèges et les lycées devraient quant à eux rester ouverts car "la situation y est actuellement sous contrôle" assure le ministre de l'Education nationale. 

La rédaction de RMC avec Jérémy Trottin