Fin de vie: la convention citoyenne dit être ouverte à l'accès au suicide assisté et à l'euthanasie
Faut-il changer la loi sur la fin de vie, et comment? C'est la question à laquelle 184 Français tirés au sort, réunis depuis bientôt trois mois, en "convention citoyenne" répondent. Ils achèvent leurs débats, ce dimanche, sur la nécessité de légaliser l’euthanasie ou le suicide assisté.
Dans un vote, organisé au Conseil économique social et environnemental (Cese), les tirés au sort ont notamment dit oui au principe d'ouvrir l'accès au suicide assisté (121 pour et 33 non) et à l'euthanasie (109 pour et 50 non). En revanche, à la question "l’euthanasie doit-elle être ouverte seulement aux personnes capables d’exprimer une volonté libre et éclairée?", la réponse de la convention est beaucoup plus divisée avec 59 oui, 57 non et 45 abstentions.
Ces votes arrêtent les grandes orientations qui seront précisées et rédigées à la prochaine session en mars, pour répondre à la question posée par la Première Ministre, Elisabeth Borne: "Le cadre d’accompagnement de la fin de vie répond-il aux différentes situations rencontrées ou d’éventuels changements doivent-ils être introduits ?".
Des ateliers pour discuter
Parmi les autres questions posées par cette convention: est-ce que l'euthanasie peut se faire à domicile? Un médecin, et personne d'autre, doit-il réaliser l'acte? Qui a le dernier mot, le patient ou la personne de confiance qu'il a désignée?
"Certains sont d'accord pour incorporer la famille par exemple. D'autres non. C'est un sujet qui nous touche tous", raconte un participant.
Plusieurs groupes de travail ont été constitués. Dans celui auquel RMC a assisté, ce samedi, ils sont 20. Ils mettent à plat ce que pourraient être les conditions d'un suicide assisté ou d'une euthanasie en France.
"Certains ont une opinion qui est restée la même. D'autres ont évolué. Là on est dans une période de confrontation" explique un autre participant.
Parmi les 184 citoyens qui constituent la convention, certains sont bien décidés à faire évoluer la loi. D'autres non. "Être l'accompagnateur d'une aide active à mourir, ça m'est difficile" explique une soignante qui dit n'être "pas sûre qu'il faille un consensus: l'important est d'apporter des idées." Son voisin constate l'utilité de cette convention: "On a tendance à discuter dans les mêmes cercles avec des personnes qui pensent comme nous ou dont on connaît les idées. Là, ça force l'échange, le dialogue."
Des points encore en suspens
Les prochains week-ends, ils traiteront les points encore en suspens, notamment la question de la conscience. "Il y a encore beaucoup de travail à faire sur la question des conditions et modalités", explique Claire Thoury, présidente du comité de gouvernance et membre du Cese.
"Typiquement, il y a la question de l'âge, les cas de démence, est-ce qu'il faut avoir un pronostic vital engagé, ça pose débat", souligne, de son côté, Martial, un participant.
Les citoyens rendront leurs travaux le 19 mars.
"On souhaiterait que ça soit un chemin qui soit suivi au niveau politique", dit Laura, une participante. Franco, autre tiré au sort, abonde en ce sens: "J'espère qu'on ne fait pas ça pour rien". Leur avis n'est que consultatif. Le document final restituera aussi les idées de ceux opposés à l'euthanasie ou au suicide assisté.