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Glyphosate: "C'est comme une drogue, on nous a rendus dépendants"

Laurent Pinatel, porte-parole de la Confédération paysanne, est venu expliquer ce lundi sur RMC pourquoi les politiques publiques de réduction des pesticides sont en échec et ce qu'il faudrait faire selon lui pour changer cette situation.

Un produit controversé, et des solutions qui tardent à se démocratiser. Le groupe pharmaceutique Bayer, le nouveau propriétaire de Monsanto, a assuré samedi qu'un de ses produits, le glyphosate, était inoffensif au lendemain d'une condamnation inédite du géant américain de l'agrochimie pour ne pas avoir informé de la dangerosité de son herbicide Roundup.

Le gouvernement français a salué "un jugement historique" et le ministre de la Transition écologique, Nicolas Hulot, a appelé Européens et Américains à participer à la "guerre" contre ces produits. Une "guerre" qui tourne largement à l'avantage des pesticides pour le moment.

"Il faut redonner du revenu aux paysans pour qu’ils puissent s’affranchir de cette béquille chimique"

Ce produit reste très utilisé en France comme le rappelle Laurent Pinatel, porte-parole de la Confédération paysanne, ce lundi sur RMC. Il explique pourquoi de nombreux agriculteurs en utilisent malgré les risques pour la santé. 

"Les pesticides permettent de travailler plus vite et d’avoir de meilleurs rendements. Ils permettent de diminuer les coûts. C’est un outil de compétitivité. L’Espagne ne paye pas ses salariés, car ils exploitent leur main d’oeuvre quasiment au titre d’esclaves. Nous on a les pesticides pour faire cette guerre là. C’est cette guerre commerciale qu’il faut arrêter. L’agriculture génère des profits monumentaux. Et il faut redonner du revenu aux paysans pour qu’ils puissent s’affranchir de cette béquille chimique. C’est comme une drogue, on nous a rendus dépendants des pesticides. A un moment il faut que l’Etat accompagne les gens pour changer de système."

"L’alimentation de qualité est un intérêt national. C’est à l’Etat de prendre ses responsabilités"

S'il est personnellement passé à la culture bio, il aimerait que l'Etat dissuade les agriculteurs d'utiliser des pesticides afin qu'ils puissent s'y retrouver financièrement. 

"Il faut leur dire qu’on va les protéger, les protéger contre les dangers de l’utilisation massive des pesticides. Qu’on va se donner du temps pour trouver des alternatives, dans 95% des cas on peut s’en passer. On va continuer les recherches avec l’INRA, il faut que le ministère de l’Agriculture se ressaisisse de la question du développement agricole. Et il faut avoir des aides comme on l’a pour l’agriculture biologique, une aide pour s’affranchir des pesticides. L’alimentation de qualité est un intérêt national. C’est à l’Etat de prendre ses responsabilités."

"Hulot a un discours fort, mais quand on est ministre on ne tient pas ce genre de discours, on agit"

Un Etat qui est donc en échec sur cette question: depuis l'instauration des différents plans ayant pour objectif une diminution de l'utilisation de glyphosate, on observe... une augmentation. Laurent Pinatel, dénonce cela, et dénonce le fait que Nicolas Hulot, ministre de la Transition écologique, ne fasse pas grand chose pour enrayer cela.

"Il faut constater l’échec des politiques publiques concernant la réduction des pesticides. Il faut peut être compenser financièrement la perte que vont avoir les paysans. Il y a eu le scandale de l’amiante, le scandale du sang contaminé, et il y aura le scandale des pesticides. (...) Hulot a un discours fort, mais quand on est ministre on ne tient pas ce genre de discours, on agit."
J.A. avec Bourdin direct