"Je ne supporte plus ma vie": il passe à 79% d'incapacité et perd les deux tiers de ses aides

Yves, retraité, vit dans un appartement modeste en périphérie de Strasbourg. Il y a 20 ans, un grave accident de travail abîme irrémédiablement sa colonne vertébrale. La première opération est un échec, c’est ce que lui dira son médecin. "On t'a loupé la colonne", lui a-t-on dit, comme il l'explique à RMC s'engage avec vous. Depuis, il a eu 14 interventions chirurgicales, 40 infiltrations... "Voilà où j’en suis", souffle-t-il.
Il est invalide à 80%, reconnu par la MDPH (Maison départementale pour les personnes handicapées), l’organisme public chargé du handicap. Il y a trois ans, il renouvelle sa carte d’invalidité. Une procédure classique. Et pourtant, alors que son état de santé ne s’est pas amélioré, son taux d’invalidité descend à 79%. Un petit point de moins qui change tout! Il perd près des deux tiers des aides auxquelles il avait droit jusqu’ici, passant de 130 à 50 euros par mois. Sans compter les réductions pour les transports, l’assistance en gare SNCF... Envolées.
"Je ne supporte plus ma vie. On m’enlève tout alors que je ne demande rien. C’était juste un renouvellement de carte!", dénonce-t-il.
"C’est même pas de la colère, c’est du désespoir, le moral est complètement en bas, je suis au bout du rouleau", témoigne-t-il.
Un témoignage qui n'est malheureusement pas unique
Des témoignages d’auditeurs désespérés qui nous contactent parce qu’ils perdent des aides, nous en recevons beaucoup. Car c'est tout le système qui pose problème. Il existe en fait trois taux d'incapacité, qui servent à déterminer le montant des aides: inférieur à 50%, entre 50 et 79%, ou supérieur à 80%. Et même si le handicap est permanent, non évolutif, ce taux n’est pas toujours accordé à vie. La procédure doit être renouvelée tous les deux, trois ou cinq ans, selon les situations.
Ce qu’il faut comprendre, dans le cas d’Yves, c’est que les services ont jugé qu’il n’était plus autant invalide qu’avant. Il peut contester cette décision. C’est ce qu’il a fait, auprès de la MDPH. La procédure est en cours depuis trois ans... C’est pour ça qu’il nous a appelés à l’aide.
Nous avons, nous aussi, sollicité les services. Ils nous assurent que la situation de notre auditeur peut être réexaminée à tout moment, dès lors qu’il présente un nouveau certificat médical. Yves a donc été vu par un médecin assermenté, qui a jugé que son taux d’incapacité devrait être relevé à 80%. Mais vous l’avez compris, les démarches prennent un temps fou. Et en attendant, la situation financière et psychologique d’Yves se dégrade.
Un témoignage qui illustre malheureusement le fossé entre le temps de l’administration et celui des usagers, particulièrement lorsqu’ils sont en situation de handicap.
Pour nous contacter : rmcavecvous@rmc.fr