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Laurent, séropositif depuis 20 ans: "On m'a traité de 'sidaïque', de 'pestiféré'"

Le film 120 battements par minute sort en salles ce mercredi. Il retrace la naissance d'Act Up, une association de lutte contre le sida, en 1989. L'occasion de rappeler que les personnes atteintes du VIH sont encore discriminées.

Le film 120 battements par minute sort au cinéma ce mercredi. Le long-métrage de Robin Campillo retrace l'histoire de la création d'Act Up, association emblématique de lutte contre le sida en 1989. A l'époque, les malades du sida étaient confrontés à l'ignorance totale du corps médical et de la société.

Aujourd'hui la maladie est bien connue mais les malades du sida subissent toujours de fortes discriminations. Laurent, 48 ans, est séropositif depuis une vingtaine d'années.

En plus des traitements, il lui a fallu affronter le regard des autres: "Ca a été avec mes collègues de travail. Une partie de mes collègues m'a complètement mis de côté. Avant, on mangeait tous ensemble et puis après, quand ils l'ont su, quand j'étais en poste, ils mangeaient de leur côté et moi dans mon coin".

Discriminations dans le milieu médical

Aujourd'hui près d'un quart des discriminations déclarées ont lieu dans le milieu médical. Là aussi, Laurent en sait quelque chose: "Une infirmière qui gérait la salle de réveil a pris un gros feutre rouge et elle avait marqué un gros point d'exclamation avec marqué 'VIH+' en énorme qu'elle a posé sur mon brancard. Un des brancardiers a été plutôt intelligent et lui a dit 'mais tu crois que ça va nous sauter à la gueule?' et il a tourné la pancarte dans l'autre sens pour ne pas qu'on la voit".

Des actes, mais aussi des paroles blessantes: "T'es sidaïque, pestiféré, ce sont des insultes. Ca vient des gens qui sont encore cons."

Depuis plusieurs années et grâce aux traitements Laurent n'est plus contagieux, et comme un symbole, il est aujourd'hui marié à une personne séronégative.

Loïc Kiefer (avec P.B.)