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Les réels dangers de la réalité virtuelle

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Alors que le métaverse est en train d'entrer dans nos vies, les casques de réalité virtuelle sont la source de plus en plus d’accidents domestiques. Les compagnies d’assurance tirent la sonnette d’alarme.

Réalité virtuelle, certes, mais dégâts bien réels. C’est l’assureur Aviva (Abeille assurances en France) qui fait ce constat. Au Royaume-Uni, le nombre de réclamations de dédommagements pour accidents domestiques liés à un casque de réalité virtuelle ont explosé : +31% sur un an et de près de 70% sur cinq ans, et l'année 2022 s’annonce encore pire.

Le casque au cœur du problème

La plupart du temps, c’est un joueur un peu trop enthousiaste qui, casque sur la tête, fonce tout droit dans sa télé ou explose sa table basse. Ou un autre, attaqué par un zombie virtuel, qui va donner sous le coup de l’émotion, un coup de poing à un ventilateur ou un luminaire, quand ce n’est pas à un conjoint ou un enfant qui passait par là. Coût moyen des réclamations : 775 euros. On avait connu un peu le même phénomène au moment de la Wii et ses manettes qui volaient dans tous les sens lors d’une partie de bowling endiablée.

Ça peut faire sourire, mais ça pourrait devenir problématique, alors que tout le monde nous dit que ces casques vont de plus en plus s’inviter dans notre vie quotidienne. C’est censé être l’une des portes d’entrée majeures dans le métaverse, ce monde virtuel où Facebook –entre autres- imagine qu’on passera une bonne partie de notre vie dans les années qui viennent… On estime qu’il s’est vendu 11 millions de casques l’an dernier… et qu’il pourrait s’en vendre 10 fois plus chaque année d'ici 2025.

Danger pour la santé 

Les professionnels de la santé commencent à s’inquiéter. Il y a quelques mois, une étude de l’université d’Oregon portait sur les troubles musculaires et osseux liés à une utilisation répétée de casques de réalité virtuelle. Des capteurs placés sur les muscles et les articulations des utilisateurs ont montré que cela pouvait entraîner des blessures musculaires au niveau de l’épaule, des douleurs aux cervicales (casque trop lourd) et autres troubles musculo-squelettiques.

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Certains ophtalmos mettent aussi en garde face à des risques de sécheresse occulaire accrus, de fatigue visuelle ou encore d’amblyopie, la dissociation du système visuel œil droit/œil gauche. Sans compter les maux de tête et les nausées (ce qu’on appelle "cybersickness") puisque ces casques créent un découplage entre les informations reçues par le cerveau et les yeux et celles de l’oreille interne, qui gère notre équilibre. Et c'est sans compter les troubles psychiques si on passe trop de temps "immergé".

Personne n’utilise, actuellement, ces casques suffisamment longtemps pour ressentir ce genre d’effets négatifs. Mais toute l’idée du métaverse dont on nous rebat les oreilles depuis quelques mois est précisément de créer un monde où on ait envie de passer une bonne partie de notre vie: pour jouer, interagir avec ses amis ou travailler. Pas impossible que des arrêts de travail pour utilisation prolongée de casque de réalité virtuelle existent dans le futur. D’où l’importance de créer de nouveaux types d’équipement, plus légers, moins encombrants. Une miniaturisation qui devrait prendre quelques années.

Une distanciation sociale dans le métaverse

En plus des incidents dans le monde réel, il se passe aussi des choses bizarres dans le monde virtuel. Notamment des premiers cas de harcèlement virtuel et d’attouchements non consentis qui ont été rapportés. Les avatars seront désormais interdits de s’approcher à moins d’un mètre les uns des autres pour "éviter les interactions non désirées".

Anthony Morel (avec MM)