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Qu'est-ce que le "Métavers", ce monde virtuel parallèle que veut inventer Facebook?

"EXPLIQUEZ-NOUS" -  Le but serait, avec des avatars et des casques de réalité virtuel, de pouvoir se retrouver dans un autre monde, numérique.

Facebook veut recruter 10.000 personnes en Europe pour travailler sur le “Métavers”, un monde parallèle numérique. Métavers, c’est la contraction de méta qui veut dire “au-delà” en grec et de “vers” pour un univers. C’est donc un nouvel univers, un nouveau monde, une sorte de doublure numérique de notre monde réel.

Facebook a annoncé ses projets en donnant un exemple très concret. On pourrait avec des avatars et des casques de réalité virtuelle se retrouver dans une boite de nuit qui n’existe pas, mais avoir vraiment l’impression de danser avec des gens. Mark Zuckerberg, le fondateur de Facebook explique que la qualité essentielle sera la présence, le sentiment d'être vraiment avec des gens.

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Et ce qui marchera peut-être pour les boîtes de nuit, fonctionnera aussi pour l’enseignement en ligne, on se sentira dans une classe et on pourra faire des blagues avec son voisin. On pourra faire des courses en essayant les vêtements sur un avatar qui aura exactement notre morphologie.

Pour avancer, Facebook mise sur l'Europe

Ce qui a été annoncé lundi, c’est que le réseau social américain va recruter 10.000 personnes en Europe dans les 5 ans qui viennent. Principalement des ingénieurs. Les deux dirigeants de Facebook qui l’ont annoncé sont deux Européens, un Anglais et un Espagnol et ils estiment que l’Europe jouera un rôle essentiel dans ce nouveau monde parce que l’Europe sait réguler, respecter la vie privée et la liberté d’expression.

On ne parle pas d’un nouveau Facebook en trois dimensions. On parle plutôt d’un nouvel internet. Facebook veut investir dans la recherche, mais n’entend pas contrôler ce Métavers. Aucun gouvernement ni aucune compagnie ne pourrait le contrôler. De même que personne ne contrôle internet.

Mais Facebook a tout de même quelques longueurs d’avance. La société de Mark Zuckerberg a acquis pour deux milliards de dollars un des meilleurs fabricants de casques virtuels, Oculus.

En août dernier, le géant américain a lancé Horizon Workrooms, le logiciel de réunion de travail le plus avancé. C’est le zoom du futur. 16 personnes munies de casques peuvent participer à une réunion en ayant vraiment l’impression d'être ensemble. On peut se lever et aller écrire au tableau, on peut se parler en aparté, partager le même écran. C’est déjà un début de Métavers.

Et puis il y a toutes les applications auxquelles on ne pense pas encore

Cet “univers de l'au-delà" est à inventer entièrement. Il est assez vraisemblable que le commerce sera essentiel et que l’argent sera roi. L’argent virtuel à l'image des cryptomonnaies qui ne sont plus contrôlés par les gouvernements. Facebook a déjà tenté de lancer sa propre monnaie en 2019, la Libra. Le projet n’a pas fait long feu, mais il y en aura d’autres.

Et puis il y a des phénomènes que personne n’a vu venir. Par exemple la folie spéculative actuelle sur le marché de l’art. Les NFT, ce sont des sortes de cryptomonnaies attachées à une œuvre virtuelle, un dessin ou une vidéo. Vous payez très cher un certificat qui vous garantit que votre œuvre est unique. Et quand je dis très cher, un américain qui se fait appeler Beeple a vendu une œuvre virtuelle 69 millions de dollars. Aussi cher qu’un Picasso. Un Britannique de 12 ans, vient de vendre 300.000 euros de simples petits pixels représentant des baleines.

Tout ça pour dire que Facebook nous annonce les discothèques de demain, mais en attendant, ce sont les galeries d’art moderne de demain qui sont en train d’éclore de façon inattendue. Le monde des “Métavers” n’est pas écrit d’avance.

Il faut quand même rappeler qu’on a déjà connu des tentatives de création de monde virtuel qui ont été des flops. Par exemple “Second Life”, il y a près de 20 ans. Un monde virtuel sur internet, où on se créait son avatar, on pouvait rencontrer des gens, faire des courses. Il y avait de vraies banques, de vrais casinos. Les pays ont ouvert de fausses ambassades. Tous les candidats à la présidentielle française en 2007 avaient par exemple leur bureau sur Second Life. Le phénomène a été mondial, puis la mode est passée très vite. En 2009, “Second Life” a fait pschitt. Les gens ont préféré la vraie vie.

Nicolas Poincaré