RMC

"On demande toujours plus à des personnes déjà épuisées": face à une 5ème vague "fulgurante", l'hôpital va-t-il craquer?

Rémi Salomon, président de la Commission Médicale d'Etablissement de l'Assistance Publique des Hôpitaux de Paris, était sur RMC.

La progression en cours de la 5e vague de Covid-19 est "fulgurante", a alerté dimanche Gabriel Attal, le porte-parole du gouvernement, mettant toutefois en balance "des éléments qui peuvent nous inquiéter et des éléments qui peuvent nous rendre confiants".

"Cette 5e vague, elle démarre de façon fulgurante", a constaté le secrétaire d'Etat. 

En moyenne calculée sur 7 jours (ce qui en donne une vision plus fidèle), le nombre de cas quotidiens a quasiment doublé en une semaine: il était de 17.153 samedi, contre 9.458 le samedi précédent. Cela représente une progression de 81%. Et cette hausse est exponentielle, signe que l'épidémie va vite: avant cela, il avait fallu trois semaines pour que le nombre de cas quotidiens augmente dans les mêmes proportions.

Mais comme lors des vagues précédentes, l'enjeu est de savoir si cette flambée des infections entraînera un afflux massif à l'hôpital. Pour l'instant, ça n'est pas le cas, ce que les autorités attribuent à la vaccination, qui reste très efficace pour empêcher les formes graves de la maladie (même si elle l'est moins contre les contaminations au variant Delta).

Une analyse que partage Rémi Salomon. Le président de la Commission Médicale d'Etablissement de l'Assistance Publique des Hôpitaux de Paris était l'invité d'Apolline de Malherbe sur RMC, lundi matin. 

"Les mesures sanitaires ont toujours été prises en fonction de la saturation des hôpitaux. La 5ème vague se fait ressentir que "modestement" même si cela s'accélère. Mais à l'hôpital, le personnel manque et est fatigué. La situation pourrait devenir difficile. Le nombre de cas double tous les 10 jours. À ce rythme, on va avoir beaucoup, beaucoup de cas en décembre" a-t-il pressenti. 

Et d'insister: "Il y a un manque d'attractivité et de jeunes à l'hôpital. À l'AP-HP, on est à 15-20% de lits fermés. Nous sommes est déjà en difficulté pour prendre des enfants certain soirs. On se débrouille, on fait de la place. On demande toujours plus à des personnes déjà épuisées. Ce qui nous fait peur, c'est un cercle vicieux qui s'est enclenché. On se dit que l'on n'est pas assez entendus: on parle essentiellement dans le débat public, de sécurité, d'identité, d'islamisme, et on parle pas ou peu de l'hôpital. L'enjeu est pour les prochaines années, si l'hôpital craque, on ne pourra plus prendre en charge correctement les patients". 

Avant d'appeler à une vaccination la plus large possible: "Il faut vacciner le plus possible. Il faut convaincre, car il y a encore des gens hésitants, 6,5 millions de Français. On va baisser progressivement l'âge du rappel, car l'immunité baisse avec le temps. Dans une phase de très grande rapidité de la propagation du virus, il faut que les tests soient gratuits pour tester le plus grand nombre", rappelant qu'il "faut prendre le maximum de précautions et reprendre les gestes barrières et les jauges". 

La rédaction de RMC (avec AFP)