"On risque d’avoir des pénuries sur les crèmes solaires": des pharmacies alertent et dénoncent les hausses de prix

Il n’y a pas qu’au supermarché que l’addition s’envole. Dans les pharmacies aussi, les prix sont en forte hausse, notamment pour les produits non remboursés. Mais selon Pascal Fontaine, directeur commercial des pharmacies Lafayette (300 en France), toutes les augmentations ne sont pas réellement justifiées. "Il y a un effet d’aubaine, dénonce-t-il dans ‘Apolline Matin’ ce lundi sur RMC et RMC Story. On a vu qu’il y avait un manque total de transparence. On nous parle de la hausse des matières premières, mais on n’a aucune preuve que le prix des couches nécessite une augmentation de 50%, les laits de 15%... Ce qu’on demande, c’est de la transparence dans les négociations, pour qu’on ait des prix justes. Je pense que les négociations sont dérégulées au profit des multinationales."
Face à cette inflation, les Français sont contraints de faire des choix. Même face à de graves maladies. "Les marges de la pharmacie sont quand même contraintes, donc on n’est pas en capacité de les gommer totalement, explique Pascal Fontaine. Ce qui nous pose un problème aussi, ce sont les produits sur ordonnance non remboursés. On voit que les clients-patients font des arbitrages. Les clients renoncent, les volumes sont en train de baisser. Sur des problématiques comme le cancer, il y a des produits dermatologiques par exemple qui viennent accompagner et qui sont non remboursés, qui prennent 6 ou 10 euros supplémentaires. Des produits non remboursés prennent des chutes de 10% (des ventes). La pharmacie est une victime collatérale de ce qu’il se passe sur la grande distribution. Et c’est un leurre de penser que les prix vont baisser."
"On a déréférencé des laboratoires"
Dans les rayons, face à des hausses suspectes, des pharmacies ont donc décidé de ne plus vendre certains produits, notamment sur la pédiatrie. "On a pris des décisions fortes, on a déréférencé des laboratoires, indique Pascal Fontaine. Il y avait des hausses beaucoup trop chères et on ne savait plus l’expliquer à nos clients-patients. Mais on est en capacité de proposer des solutions alternatives." Cette inflation pourrait aussi avoir des conséquences sur l’approvisionnement et donc le risque de pénuries.
"Il y a toujours des tensions, souligne le directeur commercial des pharmacies Lafayette, qui s’inquiète notamment pour les crèmes solaires. En France, les médicaments sont moins chers, donc il y a plutôt la volonté de vendre dans d’autres pays. On va avoir des tensions sur le solaire, par exemple. On risque d’avoir des pénuries sur les crèmes solaires, qui sont aussi des produits pour se protéger. Les multinationales, les grands groupes, vont décider de les vendre dans des pays plus profitables pour eux, comme l’Amérique du Sud par exemple où ils les vendent 30% plus cher qu’en France."