"Précaires et sous-payés": la colère des médecins à diplôme étranger, qui interpellent Emmanuel Macron

Plus de 3.800 médecins diplômés en dehors de l'Union européenne (appelés Padhue) ont été admis aux épreuves de vérification des connaissances (EVC) l'an dernier, a indiqué mercredi le ministère de la Santé qui souhaite "simplifier la procédure" du concours de 2025.
Les syndicats estiment que le nombre de places est trop restreint au regard des besoins du système hospitalier français et du nombre de médecins à diplômes étrangers exerçant déjà en France. La CGT a dénoncé un "mépris".
Des médecins qui ne peuvent pas rester en France s'ils échouent à l'examen
Les Padhue ne pourront pas rester sur le territoire s'ils n'obtiennent pas le nouveau statut, alors que certains exercent parfois depuis très longtemps dans les hôpitaux, indispensables au fonctionnement d'un secteur marqué par un sous-effectif chronique, rappelle l'AFP.
Depuis 5 ans qu'il est en France, Abdelhalim Bensaidi vit de contrats courts et d'incertitude. Il a d'abord exercé dans des hopitaux en Alsace puis en région parisienne, en diabétologie. "On est 5 Padhue sur 7 médecins. On tient le service, une partie de tous les patients de l'hôpital", détaille-t-il auprès de RMC.
Contrats précaires
"On a des contrats précaires, des CDD de 1 an renouvelables, le dernier est un contrat de 3 mois." C'est pesant dans la vie, qu'est-ce qu'on fait, qu'est-ce qu'on va faire de nos patients?", s'alarme le médecin.
À l'instar des syndicats, Abdelhalim Bensaidi dénonce les résultats du concours de cette année, qu'il manque de peu : des postes annoncés ouverts puis supprimés. 563 lauréats sur 826 postes ouverts en médecine générale, chiffre la CGT.
"On termine nos contrats et ils vont probablement nous proposer d'autres encore plus précaires. Ils vont nous sous-payer et continuer à nous garder en attendant de repasser le concours. Je suis en colère !", confie-t-il. À poste équivalent, leur salaire est à trois à quatre fois moins élevé qu'un titulaire français, rappelle France Inter.
Une lettre envoyée à Emmanuel Macron
Les yeux humides, le père de famille rappelle la promesse d'Emmanuel Macron, en janvier 2024, qui était de "régulariser" la situation des Padhue, afin de "mettre fin au scandale des déserts médiaux". "Ils tiennent parfois à bout de bras nos services de soins et nous les laissons dans une précarité administrative", avait-il déclaré.
"Des centaines sont prêts à démissionner le même jour s'il ne sont pas écoutés", met en garde Abdelhalim Bensaidi. "Si ça ne bouge pas, on va quitter l'hôpital. On s'est engagé devant nos patients, on les soigne depuis des années mais le gouvernement ne s'engage pas", regrette-t-il.
Les Padhue ont d'ailleurs écrit une lettre au président de la République, consultée par nos confrères de France Inter, dans laquelle ils lui demandent "de réformer le statut des Padhue et d’en finir avec ces examens aux quotas discutables, qui ne font que perpétuer des injustices au détriment de la qualité des soins". Abdelhalim Bensaidi rappelle par ailleurs que la grande majorité des Padhue sont citoyens français ou, comme lui, en cours de naturalisation.
"Ce qu'on veut, c'est avoir un contrat pérenne qui nous permette de continuer à exercer, d'avoir une visibilité sur le futur, de pouvoir entamer des projets"
Le gouvernement promet une réforme
Le ministre de la Santé, Yannick Neuder, souhaite lui-même ouvrir un peu plus le recrutement pour répondre aux besoins de médecins des hôpitaux. "Des concertations seront rapidement menées avec les parties prenantes afin de réformer le concours des EVC pour les épreuves 2025, en créant notamment une voie interne simplifiée pour les candidats exerçant déjà dans un établissement de santé en France", a-t-il indiqué mercredi.