"Vivre avec 1.000 euros à deux, c’est dur": 25.000 étudiants infirmiers exclus des aides chaque année

Sophie (54 ans) est aide-soignante à l’hôpital d'Annecy (Savoie). Le soin, c’est une vocation depuis son plus jeune âge. Pendant le Covid, elle est en première ligne. Et à la sortie, elle a envie d’évoluer pour devenir infirmière.
“J’ai passé le concours, et je l’ai plutôt bien réussi puisque je suis sortie major. Donc, je me suis dit que ce métier était fait pour moi. Et je suis partie dans cette formation, en pensant qu’on allait m’aider, pour être au plus près des patients”, relate Sophie.
Si elle a contacté “RMC s’engage avec vous”, c’est parce qu’elle risque d’arrêter ses études, contre son gré. La formation coûte 21.000 euros pour trois ans. Sophie a demandé un financement à son employeur, à l’État, à la région: refusé. Elle n’a plus de salaire et avec son mari, qui est agriculteur, ils sont pris à la gorge.
“Vivre avec 1.000 euros, à deux, c’est dur. Si je ne peux pas aller jusqu’au bout, ça sera a cause d’un problème financier et je trouve ça dommage. On ne reste plus dans le même métier 30, 40 ans comme on le faisait avant. Mais on ne nous donne pas les moyens de changer de position”.
Elle a déjà déboursé 6.500 euros pour la première année, avec l’aide de ses parents retraités, qui ne roulent pas sur l’or. Et à partir de juillet, c’est 550 euros par mois pendant encore deux ans.
Un étudiant infirmier sur trois abandonne
Alors que la France manque d’infirmiers, Sophie, elle, est motivée, mais les moyens ne lui sont pas donnés. Pour être aidée par la région, il faut avoir moins de 28 ans, et elle en a 54. Pour un financement via France Travail, il faut être demandeur d’emploi ou en contrat précaire, ce qui n’est pas son cas.
Quant à l’hôpital qui l’employait, il n’a pas les moyens de l’accompagner. En clair, quand on veut se reconvertir, il n’y a personne pour payer. D’ailleurs, Sophie n’est pas la seule à avoir écrit à la rédaction. Nadia vit la même chose, à Paris cette fois-ci.
D’après nos informations, 25.000 étudiants infirmiers sont ainsi exclus chaque année des aides à la formation, selon les chiffres de la FNESI (Fédération nationale des étudiants en sciences infirmières). Ça représente 25% des effectifs. Avec des conséquences bien concrètes: près d’un aspirant infirmier sur trois abandonne son cursus en cours de route, en partie à cause de ça.
RMC a tenté de trouver des solutions pour Sophie. La rédaction l’a mise en contact avec tous les organismes d’aide possibles et imaginables. L’un d’eux s’est engagé à tout faire pour l’aider. Elle attend une réponse en début de semaine prochaine.