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Sécurité piétonne: "La place des hover-boards n'est pas sur le trottoir"

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- - Un hoverboard sur un trottoir - Illustration via Flickr

Depuis quelques années, de nouveaux engins électriques ont fait leur apparition sur les trottoirs. Un nouveau danger pour les piétons assure Jean-Paul Chevalier, président de l'association Droits des piétons.

Jean-Paul Lechevalier est président de "Droit des piétons", une association créée en 1959 qui défend les droits de chaque piéton sur les trottoirs de France.

"Aujourd'hui de nouveaux engins de déplacement personnel ont fait leur apparition sur les trottoirs. Il y a les hover-boards, les mono-roues (ou gyro-roues) ou encore les trottinettes électriques. Des bijoux technologiques que j’admire mais dont la place n’est pas sur le trottoir. Ce sont des véhicules motorisés capables de fortes accélérations et qui peuvent atteindre 25-30 km/h parfois. À l'instar du célèbre segway qui est défini comme un gyropode, soit un véhicule.

Ce sont donc des véhicules. À ce titre ils ne doivent pas circuler sur les trottoirs contrairement à ce qu’affirment les vendeurs. Ils disent notamment 'Nous sommes assimilés à des piétons tant que nous ne dépassons pas les 6 km/h'. Or, il n’est écrit nulle part dans le code de la route qu’ils sont assimilés à des piétons. De plus, 6km/h ce n’est pas la vitesse d’un piéton.

"Il arrive que des piétons se retrouvent avec des plâtres"

En 2016 on a constaté une augmentation de 19% de la mortalité piétonne par rapport à 2015. Si on fait circuler ces engins sur le trottoir, on va augmenter le nombre d'accidents et forcement à terme, de la mortalité piétonne.

Nous connaissons quelques cas de gens qui nous appellent et nous demandent ce qu'ils peuvent faire après avoir été renversés par une trottinette ou un autre engin de déplacement personnel. Il arrive que des piétons se retrouvent avec des plâtres.

Ces engins-là sont très attractifs et d’un coup raisonnable. Dans 10 ans nous en aurons plein. Il est urgent que les autorités publiques décident que ce sont des engins, des véhicules et que la seule place pour eux c’est d’être sur une piste cyclable.

"Il faut les assimiler à des vélos"

Le problème, c'est que les pouvoirs publics ont du mal à définir ce que sont ces nouveaux appareils de déplacement. Il faut commencer par dire 'ce sont des véhicules au même titre que le segway, donc ils n’ont pas le droit de cité sur le trottoir'. En Angleterre par exemple, ces engins-là sont interdits sur toute la voie publique (chaussée piste cyclable trottoir).

Il faut les assimiler à des vélos, puisque ce sont des engins silencieux qui roulent à une vitesse de vélo (25-30 km/h). Il faut les mettre sur les pistes cyclables. Je sais bien qu’il n'y a jamais assez de piste cyclables en France, mais ces engins représentent un risque pour les piétons.

Nous sommes 66 millions de piétons en France. Le problème, c'est qu'il est difficile de mobiliser sur ce thème. Il n’y a pas de conscience de classe des piétons à la différence des motards, des cyclistes et des automobilistes. Notre association est la seule à s’occuper exclusivement des piétons sur le territoire national".

Propos recueillis par Guillaume Dussourt