Nouvelles restrictions automobiles à Paris: "Favoriser le vélo, ce n'est pas une politique pour bobos"

Des utilisateurs de Vélib, à Paris. - Florian David - AFP
Charles Maguin est le président de l'association Paris en selle, qui milite pour un plus grand partage de la voirie en faveur des vélos.
"Cette ouverture d'une double piste cyclable rue de Rivoli, c'était dans le plan vélo annoncé au début de la mandature (en 2014), mais cela n'a pas trop avancé. Ce projet de la rue Rivoli nous était apparu le mieux pensé et on se félicite que la maire de Paris Anne Hidalgo mette l'accent sur le vélo pour 2017. Jusqu'ici, depuis le début de la mandature, presque rien n'avait été fait pour le vélo dans la capitale.
On n'est pas dans une guerre entre les différents usagers, on est dans une manière d'organiser le territoire de la façon la plus efficace possible entre tous les usagers. Et les grandes métropoles ont compris aujourd'hui qu'on transportait plus de personnes et à moindre coût avec des infrastructures cyclables qui rassurent les gens et leur donne la possibilité d'utiliser cette solution.
"On n'aura plus le réflexe de prendre la voiture pour de courtes distances"
Ce n'est pas fermer des voies pour les voitures, c'est ouvrir ces voies à la circulation des usagers du vélo, qui sont de plus en plus nombreux à Paris et en proche banlieue. Il faut savoir que le débit d'une piste cyclable comme celle-là, c'est de l'ordre de 7.000 passagers par heure, là où une voie de circulation voiture n'est que de 2.000 passagers. Aujourd'hui, un tas de gens aimeraient pouvoir circuler en vélo en sécurité mais ne le font pas, faute de structures adaptées. Demain, on n'aura plus le réflexe de prendre la voiture pour de courtes distances, on pourra prendre le vélo en toute sécurité ce qui limitera la saturation des routes et permettra à ceux qui ont un vrai besoin d'automobiles de pouvoir circuler avec plus de fluidité.
"Si, les banlieusards peuvent prendre le vélo"
Il ne faut pas dire que les banlieusards ne veulent pas ou ne peuvent pas prendre les vélos. Regardez du côté de Londres, où ils ont mis en place des cycling superhighway, de grandes pistes cyclables qui vont jusqu'à 15 km en banlieue. Donc si, bien sûr, les banlieusards se déplacent de plus en plus massivement de cette façon-là. Mais à Paris, ces structures n'existent pas: on n'a le choix qu'entre les transports en commun ou la route.
Ce qui serait important c'est que la région prenne conscience aussi de ce retard, car il n'y a guère que Paris qui avance sur ces pistes cyclables, et malheureusement les villes de périphérie refusent cette mobilité à leurs citoyens en ne leur permettant pas de rejoindre la capitale en vélo.
Ce n'est pas une politique pour les bobos ! Justement, ce qui fait que les gens de la périphérie ne peuvent pas se déplacer à vélo, c'est au contraire qu'on leur refuse cette solution de déplacement. On se rendra compte que si on fait ces infrastructures pour inonder la banlieue on pourra résoudre les problèmes de mobilité de Paris".