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Sepur: la "colère" d'un éboueur intérimaire qui ne touche pas les mêmes primes que ses collègues

Chez Sepur, certains éboueurs intérimaires ne touchent pas les mêmes primes que leurs collègues en CDI, avec jusqu'à 500 euros bruts de moins sur leur fiche de paie certains mois. Une pratique qui serait contraire au code du travail.

Eboueur, Fouad a contacté RMC pour dénoncer les méthodes de l'une des plus grosses entreprises de collecte de déchets d'Île-de-France. Il travaille depuis 2018 pour Sepur, un géant de la collecte de déchets qui ramasse les poubelles de plus de 10 millions d'habitants en France. Récemment, Fouad apprend par un de ses supérieurs que ses collègues en CDI touchent des primes que lui n'a jamais touché. Selon ses calculs, ça représente jusqu'à 500 euros bruts par mois perdus.

"Je suis en colère ! Je travaille comme les autres chauffeurs. Je fais mon travail je fais jamais de réclamations. Les autres chauffeurs ont peur des représailles et préfèrent travailler que de risquer de se faire mettre dehors en réclamant. Je trouve ça scandaleux."

Et on a pu constater la véracité de ce que raconte Fouad en comparant les fiches de paie d'éboueurs en CDI avec les siennes. Les salaries de Sepur touchent effectivement des primes dites "chauffeurs" pour les chauffeurs qui ne font pas d'accidents, et "mono-rippeurs" quand il n'y a qu'un seul éboueur à l'arrière du camion. Des primes que ne touchent pas les intérimaires.

L'entreprise a-t-elle le droit de ne pas accorder les mêmes primes aux salariés qu'aux intérimaires?

Absolument pas. Le code du travail prévoit expressément que les intérimaires ont droit aux mêmes primes que les salariés en CDI. Ne pas le respecter, c'est illégal, comme nous l'a confirmé un avocat en droit du travail. Il peut même y avoir des condamnations pénales.

On a découvert que le cas de Fouad n'était sans doute pas isolé. Comme l'a révélé le journal Le Monde, l'inspection du travail mène en ce moment une enquête sur les conditions de travail chez Sepur, supervisée par le parquet de Versailles. Richard Bloch, défenseur syndical devant les prud'hommes, défend régulièrement des intérimaires dans la même situation. Il parle de primes et même d'heures de travail non payées. Selon lui, Sepur profite de la fragilité des intérimaires fragiles pour faire baisser les coûts.

"C'est de la chair à poubelle"

"Sepur a mis en place un système d'utilisation parfaitement abusive et illégale du travail temporaire dans ces postes qualifiés, tout en bas de l'échelle sociale. Les salariés sont vraiment utilisés comme, je ne dirais pas de la chair à canon, mais chair à poubelle par cette société au mode de fonctionnement très particulier.Ils passent par une insitutionnalisation du travail temporaire à un haut niveau, ce qui leur permet d'abaisser leurs coûts. Avec des prix payés par les municipalités qui sont tout à fait anormaux."

L'entreprise affirme respecter le droit du travail mais elle a refusé nos demandes d'interviews. De son côté, Fouad a décidé d'entamer une procédure aux prud'hommes. Il est entré par notre intermédiaire en contact avec le défenseur syndical Richard Bloch, qui va l'accompagner dans ses démarches.

Marie Dupin (édité par J.A.)