Airbags Takata: "On a un tueur en série sur les routes", assure l'avocat des victimes

C'est une décision inédite dans le secteur de l'automobile. Le ministre des Transports Philippe Tabarot a demandé mardi l'immobilisation de toutes les Citroën C3 et DS3 concernées par un rappel après plusieurs accidents mortels liés aux airbags Takata défectueux qui équipent ces voitures.
C'est la mort d'une femme de 37 ans samedi 11 juin dans un accident sur l'autoroute près de Reims qui a entraîné le rappel. L'explosion de l'airbag Takata qui équipait sa Citroën C3 de 2014 a provoqué "de très graves blessures" entraînant sa mort, a expliqué mardi le procureur de Reims François Schneider.
Le constructeur français a immédiatement réagi en ordonnant un rappel "stop drive" dans toute l'Europe, entraînant une immobilisation immédiate de toutes les C3 et DS3 quelle que soit leur année de production, soit environ 82.000 véhicules.
Une décision que salue ce mercredi sur RMC et RMC Story Maître Christophe Leguevaques, avocat des victimes des airbags Takata: "On a en face de nous un tueur en série sur les routes qui a derrière lui une vingtaine de décès".
"Citroën connaît la dangerosité depuis 2014"
Aujourd'hui, il déplore une réaction tardive après des morts en métropoles malgré une quinzaine de décès liés aux airbags Takata aux Antilles: "Il y a eu une quinzaine de morts aux Antilles, il n'y a pas eu de réaction et il a fallu attendre deux morts en métropole pour que Citroën réagisse et change les airbags dans le sud de la France l'année dernière. Citroën connaît la dangerosité depuis 2014 et il a fallu attendre 20 décès pour enfin avoir une réponse".
"Et pendant ce temps, vous avec des centaines de milliers de véhicules dangereux voire mortels qui circulent sur les routes" déplore Christophe Leguevaques.
Car les premières alertes sont venues dès 2008 des Etats-Unis après 20 morts: "En France, on a 10 ans de retard et on a 15 morts", poursuit l'avocat. "Depuis 15 ans, dans l'industrie automobile, on a privilégié la rentabilité financière sur la sécurité des usagers. On en paie le prix sur les airbags et les moteurs", accuse-t-il.
Des milliers de voitures empêchées de rouler et des familles sur le carreau
Et les réponses apportées ne sont pas suffisantes: "Il y a 82.000 véhicules immobilisés et on leur offre 25.000 véhicules de remplacement. Ça fait près de 60.000 familles sur le carreau et pas de proposition concrète de faite", déplore l'avocat.
Dans ces conditions, après la plainte déposée en juin 2024, il appelle à écouter et respecter les consommateurs. Et les conducteurs qui continueraient de rouler avec des véhicules défaillants pourraient faire le jeu des constructeurs qui se défausseraient alors sur eux, prévient Christophe Leguevaques.
L'action collective ouverte en juillet dernier regroupe aujourd'hui 2800 personnes et plusieurs services de justice sont mobilisés: "Ils ont rassemblé toutes les affaires et j'espère bientôt l'ouverture d'une instruction et d'une enquête approfondie", explique l'avocat.