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Faut-il renationaliser les autoroutes? Le débat est relancé par un député de la majorité

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Les concessions aux sociétés privées se terminent en 2032 ou 2036 et le député macroniste Jean-Baptiste Djebbari propose de reprendre le contrôle des autoroutes françaises. Une bonne idée ?

Le député La République en Marche Jean-Baptiste Djebarri relance l’idée d'une renationalisation des autoroutes. D’après lui, les Français "ont le sentiment que les sociétés d’autoroute se goinfrent sur leur dos". Et cette renationalisation permettrait de financer des travaux de rénovation des routes sur le réseau secondaire.

Invité de RMC, face à Jean-Jacques Bourdin, Jean-Baptiste Djebarri a proposer de créer une société 100% publique qui serait chargée d’exploiter les autoroutes pour le compte de l’Etat: "Si nous créons une société publique, l'État reviendra au centre de la régulation" précise-t-il. Depuis 2006, cette gestion est confiée à des sociétés privées sur 9.000 km d’autoroutes: Sanef, Vinci, Eiffage. 

"C'est déjà de toutes façons une meilleure idée que le statu quo qui ne peut perdurer"

Les concessions arrivent à échéance d'ici quelques années. Une occasion en or: "Les concessions d'autoroutes finissent dès 2032, je préconise la nationalisation" précise le député LREM sur RMC. "Je préconise que l'État récupère les recettes des péages et investisse dès 2020 sur la base des bénéfices futurs"

Dès la fin de ces contrats, la société publique reprendrait en effet le contrôle, récupérerait les recettes des péages, pourrait même faire des emprunts ou prêter de l’argent aux régions françaises pour effectuer des travaux sur les routes secondaires. L’argent pourrait aussi servir à financer les réformes de l’Etat ou à rembourser la dette. "Que du positif" selon Matthieu Lesage, avocat spécialisé dans le droit routier.

"C'est déjà de toute façon une meilleure idée que le statu quo qui ne peut perdurer. Il faut maintenant ne pas relancer la durée des concessions, les faire cesser le plus vite possible afin de mettre à plat la situation actuelle. Et ça peut passer par une renationalisation car les sociétés concessionnaires appartenant à l'Etat pourraient enfin lui profiter car elles font des bénéfices élevés."

"Les analystes de Bercy semblent opposés à cette idée lancée régulièrement sans succès"

Aujourd’hui, les sociétés d’autoroutes réalisent environ 10 milliards d’euros de chiffre d’affaires par an. Le problème, c’est qu’une renationalisation coûterait entre 45 et 50 milliards à l’Etat. La ministre des Transports, Elisabeth Borne, n’y est pas favorable.

Et le député Mouvement radical de la Meuse Bertrand Pancher, non plus: "Je ne suis pas certain qu'on y gagnerait. En tous cas, les analystes de Bercy semblent opposés à cette idée lancée régulièrement sans succès." 

Et que font nos voisins européens? En Espagne, le gouvernement renationalise trois grands axes autoroutiers dont les concessions arrivent à échéance. Coût pour l’Etat espagnol: 450 millions d’euros.

Matthieu Rouault (avec James Abbott)