Le covoiturage freine, l’autosolisme accélère encore: "On est dans notre bulle, le matin"

Les Français sont de plus en plus seuls dans leur voiture. C'est ce que révèle ce vendredi le dernier baromètre Vinci Autoroutes, dévoilé sur RMC. L’autosolisme, le fait de rester seul au volant pour ses trajets quotidiens, augmente de trois points par rapport à l'année dernière. Près de 86% des conducteurs sont ainsi seuls dans leur voiture le matin aux heures de pointe.
A l’exception de Toulon et de Bordeaux, la pratique du covoiturage recule dans toutes les métropoles étudiées. Cette baisse est particulièrement significative dans cinq d’entre elles: Tours (-5,3%), Aix-en-Provence (-5,7%), Lyon (-6,6%), l’Ile-de-France (-6,9%) et Biarritz (-8,4%). Le taux de covoiturage est le plus faible, de l’ordre de 12,5% en moyenne, aux heures de pointe du matin, alors même que cette tranche horaire est celle où la proportion de trajets domicile-travail est la plus importante.
Une habitude bien ancrée chez les automobilistes. Greg est seul derrière son volant, comme à son habitude. Impossible pour lui de passer au covoiturage: "La vie serait beaucoup plus sympa sur la route, mais j’aime vraiment bien être seul". Pour lui, avoir un passager serait renoncer à son confort: "J’écoute peut-être des musiques que lui n’écoute pas. J’aurais peur de le déranger. Je pars quand je veux, je m’arrête boire mon café. On est un peu tous dans notre bulle, le matin".
Manque d’infrastructures pour le covoiturage
Un argument que Nicolas refuse d'entendre: "Quand on voit le nombre de voitures qui circulent, les bouchons qu’on peut rencontrer, c’est rageant de voir les personnes seules dans leurs véhicules". Même chose pour Fabienne, qui conduit 50 kilomètres pour aller au travail... Depuis deux ans, elle partage sa voiture avec ses collègues: "On n’utilise pas d’appli, on s’arrange entre nous. C’est plus agréable de voyager ensemble, surtout dans les bouchons".
Mais difficile pour elle de s'organiser sans parkings covoiturages à proximité... Un manque d'infrastructures qui en décourage beaucoup, explique Christophe Saintillan, expert mobilités pour Vinci Autoroutes: "Quand vous avez des parkings de covoiturage, c’est quelque chose qui est sécurisant. Et quand vous aurez une voie réservée au covoiturage, ça fera gagner du temps. En utilisant tous ces leviers, on arrivera à progresser". Selon lui, il faudrait encore que le nombre de covoitureurs triple pour atteindre les objectifs bas carbone de 2030.