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“Les sanctions ne font pas peur”: la colère de familles endeuillées face aux nombreux drames de la route

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La mortalité routière a bondi de 18% en août en France, avec 341 morts, faisant de ce mois le plus meurtrier depuis près de 15 ans. Excès de vitesse, alcool, imprudences: la Sécurité routière appelle à un sursaut collectif, tandis que des familles endeuillées dénoncent l’impunité des “délinquants de la route”.

La mortalité routière a fortement augmenté (+18%) en août en France métropolitaine par rapport au même mois l'an dernier, a annoncé lundi la Sécurité routière, en faisant le mois "le plus meurtrier" depuis 14 ans. Selon les estimations de l'Observatoire national interministériel de la sécurité routière (ONISR), 341 personnes sont décédées le mois dernier sur les routes de l'Hexagone, contre 290 en août 2024.

"C'est le mois d'août le plus meurtrier sur les routes depuis presque 15 ans", a souligné Michèle Lugrand, déléguée interministérielle à la Sécurité routière par intérim, appelant à "se ressaisir collectivement".

"Cette dégradation concerne tous les réseaux routiers, tous les âges et tous les modes de déplacement, à l'exception des deux-roues motorisés", a-t-elle ajouté. L'ONISR a notamment enregistré, par rapport à 2024, 53 automobilistes, huit piétons et deux cyclistes tués de plus.

Elle a rappelé les facteurs de risque: excès de vitesse, usage du téléphone au volant, imprudences, qui "augmente(nt) considèrablement la survenue des drames". Le nombre de blessés graves (1.601 personnes) est resté stable sur un an en métropole.

Un bilan jugé "très préoccupant"

Sur les routes d'outre-mer, le nombre d'accidents corporels a en revanche baissé de 24%, avec 303 blessés et 23 décès, soit deux de moins qu'à la même période l'an passé. Au moins de juillet, la mortalité routière avait déjà augmenté de 23% par rapport à l'année passée, avec 338 personnes décédées en France métropolitaine.

Ce bilan avait alors été jugé "très préoccupant" par François-Noël Buffet, ministre démissionnaire auprès du ministre de l'Intérieur, qui dénonçait "un relâchement inacceptable des comportements au volant".

Sur l'ensemble de l'année 2024, 3.193 décès avaient été enregistrés sur les routes de l'Hexagone, une mortalité quasi stable par rapport à l'année précédente, avec une légère baisse des blessés, selon les chiffres de l'ONISR.

"Celui qui a tué ma fille avait déjà 9 mentions au casier"

Des morts qui auraient pu être évitées, alerte Eric Moreno. Sa fille a été tuée par un chauffard en 2016. “Il y a un relâchement et nous, ce qu’on demande, c’est de cibler les délinquants de la route professionnels. L’alcool, les stupéfiants… il y a combien de récidivistes? Aujourd'hui, les sanctions ne font pas peur et celui qui a tué ma fille avait déjà neuf mentions au casier judiciaire. En comparution immédiate, on a vu des candidats qui avaient plus de 60 mentions au casier et qui étaient toujours dehors. Et ça, ce sont des profils courants. Il faut faire quoi? Car c’est dramatique”, constate celui qui est également co-président de l'association "Et 6 c'était vous".

Dans les Grandes Gueules, la chroniqueuse Barbara Lefebvre dénonce un code de la route trop “facile” à avoir. David, un auditeur chauffeur routier, assure que le comportement des conducteurs pose davantage problème que la vitesse.

“Ils peuvent mettre des radars autant qu’ils veulent, c’est plus la vitesse le problème, mais les comportements dangereux, comme des dépassements sur les lignes continues, des stops grillés, etc. C’est bien pire qu’avant et c’est flagrant. Ça se dégrade”, conclut-il.

C.A