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Les ventes de voitures s'effondrent: "Cela pourrait entraîner la disparition de 100.000 emplois"

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Invité de RMC ce vendredi, Luc Chatel, président de la "Plateforme de l'Automobile", avertit lui la possibilité d'un "scenario catastrophe".

La voiture est-elle morte? Le Salon automobile de Genève prévu en février prochain est annulé pour la 3e année consécutive: les organisateurs renoncent à l'un des plus grands salons autos du monde face aux énormes difficultés rencontrées par les professionnels du secteur et notamment face aux pénuries de matières premières et de composants électroniques, qui résulte de la crise Covid. 

Conséquence directe: les prix des voitures "vont encore augmenter au cours des 12 prochains mois" a alerté le directeur général de Renault Lucas Di Meo dans la presse. 

Invité de RMC ce vendredi, Luc Chatel, président de la "Plateforme de l'Automobile", avertit lui la possibilité d'un "scenario catastrophe". En cause: les ventes de voitures qui s'effondrent depuis le mois de juin. On en comptait cinq fois plus l'année dernière en septembre par rapport au mois dernier, freinées notamment par l'envolée des prix.

Plusieurs constructeurs ont révisé leur tarifs: Dacia, connu pour ses prix bas, vend ainsi le modèle phare du marché, la Sandero, 200 à 300 euros de plus depuis cet été.

Le phénomène prend de la vitesse à cause de la pénurie de pièces et de matériaux qui paralysent les usines: les semi-conducteurs, ces puces électroniques essentielles présentes par milliers dans nos voitures, mais aussi le plastique et l'acier manquent et empêchent la construction de millions de véhicules.

"On a la conjugaison d'une crise conjoncturelle, nous ne nous sommes pas encore remis de la crise du Covid, et d'un changement structurel avec le passage à l'électrique. L'automobile est le seul marché de consommation qui n'a pas redémarré. On est à -20% par rapport à 2019" explique ainsi Luc Chatel. 

"60.000 disparitions d'emplois dans les 5 prochaines années"

Autre effet direct: les délais de livraisons explosent il faut parfois attendre avril, voir l'été prochain dans certains cas, pour recevoir son véhicule. Les concessionnaires ont moins de modèles à présenter et ne peuvent plus se permettre de faire des promotions. Les professionnels craignent que le retour à la normale soit très lent.

"8 à 10 millions de véhicules ne seront pas produits cette année dans le monde. On a un niveau d'activité dans l'industrie auto entre 65 et 70%. On n'a pas retrouvé le niveau pré-crise" décrypte l'ancien ministre. 

Avant de craindre le pire: "Il y aura des disparitions d'emplois dans les 5 prochaines années. On les a estimés à 60.000. Il y a un scénario du déclin de l'industrie auto si on n'est pas capable en France d'attirer des projets d'avenir. Cela pourrait entraîner la disparition de 100.000 emplois. C'est un scénario qui est sur la table"

Et Luc Chatel d'apporter, enfin, une note optimiste pour cette industrie: "Il y a aussi un scenario du rebond où la France existe dans la nouvelle industrie auto, celle de l'électrique. On a multiplié par deux, cette année, la part de marché des véhicules électriques et hybrides, qui représente 18% du marché aujourd'hui".

Nicolas Traino avec Xavier Allain