Rouen: la fraude au covoiturage en recul

Une fraude plus ou moins massive au covoiturage. Une auditrice de RMC avait découvert dans le Journal d’Elbeuf, l'hebdomadaire local de la Seine-Maritime, que l’argent de ses impôts qui servait à financer le covoiturage était régulièrement détourné.
Depuis près de deux ans, la Métropole Rouen Normandie a un partenariat avec la plateforme de covoiturage Klaxit. Elle permet aux utilisateurs covoitureurs d'être rémunérés à hauteur de deux à quatre euros par trajet fait en covoiturage.
Sauf que le dispositif était alors facile à contourner: il suffisait de deux téléphones, l'un pour se déclarer conducteur, l’autre pour jouer les passagers, et faire le trajet, sans être forcément en voiture. En effet, on pouvait être rémunéré même dans les bus et les tramways. De quoi arrondir les fins de mois de certains Rouennais peu scrupleux. Un "petit fraudeur" expliquait, en avril dernier à RMC, que le système était "très rapide": "le lendemain, l'argent est sur notre compte" racontait celui qui estimait alors l'ampleur de sa fraude à 200 euros.
En début d'année, la plateforme avait désactivé 1.200 comptes de fraudeurs, qui pouvaient s'exposer à une peine allant jusqu'à cinq ans d'emprisonnement et 375.000 euros d'amende. Soit au minimum 240.000 euros d'argent public évaporés.
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Des mesures pour éviter la fraude
A l’époque, la Métropole avait pris des mesures pour mieux encadrer la pratique en plafonnant, au mois de mars, la rémunération des conducteurs à 150 euros par mois. Et avait interdit le covoiturage sur les lignes des transports en commun. Dès le mois d’avril, le nombre de trajets covoiturés à Rouen s’est effondré de 36% en quatre mois selon l’observatoire du covoiturage quotidien, géré par le ministère de la Transition écologique. En effet, la métropole enregistrait 81.200 trajets en décembre, 110.000 en janvier et 70.000 au mois de mai.
"La première ligne de lignes de covoiturage en France, en février 2023, était la ligne Rouen – Saint-Étienne-du-Rouvray, qui suivait une ligne de métro. Elle disparait du palmarès en juin 2023" note ainsi Marine Caron, élue d’opposition à la Métropole de Rouen. Les chiffres du covoiturage sur cette ligne ont été divisés par quatre selon les chiffres obtenus par le Journal d'Elbeuf.
"L'usage du covoiturage sur cette ligne d'envergure, dont la métropole se targuait, était principalement une ligne de fraudeur", conclut l'élue.
Le passager devra payer
Klaxit répond qu'il s'agit d’une “baisse saisonnière habituelle” liée aux vacances et aux ponts, constatée partout en France et par tous les opérateurs. Sauf qu’en avril, mai et juin, les chiffres sont stables, autour de 70.000 trajets covoiturés.
Cette baisse pourrait se poursuivre puisque la Métropole a pris de nouvelles mesures afin de “pérenniser le dispositif”. A partir d’octobre, elle ne financera que les trajets supérieurs à cinq kilomètres, contre deux aujourd’hui. Elle va également mettre à contribution les covoiturés, à hauteur de 10%. Au total, elle a versé 2,5 millions d'euros aux conducteurs depuis le début de l’opération.
Il est difficile d’estimer le montant de la fraude au niveau national mais le sujet est surveillé de près au sein du ministère de la Transition écologique, qui va lancer à la rentrée un deuxième audit des outils de lutte anti-fraude des plateformes de covoiturage. A Rouen, le partenariat avec Klaxit prendra fin le 30 septembre et un appel d’offres est en cours afin de trouver un nouveau prestataire.
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