RMC
Transports

Ligne TER Nice-Marseille: y aura-t-il assez de trains cet été avec l'ouverture à la concurrence?

placeholder video
Y aura-t-il suffisamment de trains sur la Côte d’Azur cet été? Un concurrent à la SNCF, Transdev, s’apprête à gérer la ligne TER Nice-Marseille à partir de fin juin 2025, mais il manque une dizaine de rames pour assurer le service. Une opération de sauvetage est en cours faisant appel à la solidarité des autres régions.

Le fabricant Alstom ne pourra pas livrer les 16 rames à temps. La région Sud vient d’apprendre que seule la moitié sera disponible en juin, puis le reste sera livré dans les mois suivants. Or, elle a pris l’engagement de doubler la cadence sur la ligne Nice-Marseille évidemment très fréquentée l’été.

Solidarité entre régions

Son président Renaud Muselier a donc lancé une bouteille à la mer aux autres régions pour leur louer des rames. Des discussions sont notamment en cours avec le Centre-Val-de-Loire, ce qui fait bondir l’association locale des usagers des transports. “L’offre de service est insuffisante, certains trains sont bondés, on nous dit que c’est par manque de matériel, et malgré cela, on va se séparer de trains?”, fulmine Vincent Degeorge, le président de la Fnaut Centre-Val-de-Loire.

Le vice-président délégué aux mobilités de la Région Philippe Fournié tempère: "Nous réfléchissons certes à la location d'une rame, mais nous attendons encore des garanties de la SNCF concernant l'absence d'impact sur l'offre de service. S'il y a le moindre risque pour les voyageurs, nous ne louerons rien".

Les indiscrets : Transdev, désigné nouveau gérant de la ligne TER Nice-Marseille - 13/02
Les indiscrets : Transdev, désigné nouveau gérant de la ligne TER Nice-Marseille - 13/02
1:46

Deux autres régions ont répondu à l’appel: Auvergne-Rhone-Alpes, où neuf rames sont inutilisées "compte tenu de la saturation des ateliers de maintenance existants", affirme le cabinet du président. Et la Région Grand Est, où le conseiller en charge des transports, Thibaud Philipps, explique qu’il vient lui-même d’être livré en rames neuves, et il ne peut pas toutes les faire rouler parce qu'il lui a, lui aussi, un manque des capacités de maintenance. Il en a donc plus qu’il n’en faut et il a accepté de louer “à prix d’ami” huit rames à son homologue sudiste: “c’est une question de solidarité entre régions", précise-t-il.

Un dossier très symbolique

Il faut dire que la ligne Nice-Marseille est un dossier très symbolique: avec Transdev, c’est la première fois qu’une ligne régionale sera gérée par un autre transporteur que la SNCF.

"S'il manquait des rames lors de ce passage de témoin très attendu, ce serait politiquement catastrophique pour tous les partisans de l’ouverture à la concurrence”, explique le responsable syndical SudRail Fabien Villedieu.

La SNCF, elle, n’a pas toujours son mot à dire. Avec l’ouverture à la concurrence, ce sont les régions qui deviennent propriétaires du matériel roulant, elle doit donc se résoudre à laisser filer des rames pour aider un concurrent. En revanche, elle fait des pieds et des mains pour obtenir leur maintenance, une activité très rémunératrice.

Victor Joanin