Usure des routes, pollution, embouteillages: les automobilistes coûtent-ils (trop) cher à la collectivité?

L'usure de la route, les embouteillages, les accidents de circulation, la pollution de l'air... Ces coûts sont en grande partie supportés par les finances publiques. Car si on les compare à ce que paie l'automobiliste - les péages et les taxes - , le reste à charge pour est deux fois plus important. Autrement dit: les automobilistes ne payent en moyenne que 36% de la facture totale, selon cette étude de la direction générale du Trésor, un organisme qui dépend de Bercy.
Exemple avec le conducteur d'une voiture essence: il paie 7 centimes d'euro par kilomètre mais il coûte 16 centimes à la société. C'est exactement comme les transports en commun: acheter un billet de train ne couvre qu'un tiers du coût total du trajet. Le reste est supporté par le contribuable. Sauf que le train pollue beaucoup moins.
Et puis il faut nuancer: tous les automobilistes ne coûtent pas aussi cher. Tout dépend du véhicule utilisé et du carburant. Un chauffeur de poids-lourd coûte moins cher qu'un conducteur lambda puisqu'il paye beaucoup plus de péages autoroutiers et de taxes sur le carburant, et un conducteur diesel coûte plus cher puisqu'il pollue plus et le gazole est moins taxé. La facture finale dépend aussi du type de route utilisée puisqu'un automobiliste en ville a plus de risque de créer des embouteillages et il participe à la pollution sans payer de péage donc il ne couvre que 14% des coûts engendrés par ses trajets.
Sur l'autoroute, une voiture rapporte plus qu'elle ne coûte
Il n'y a que sur l'autoroute, sans surprise, qu'une voiture rapporte plus à la société qu'elle ne lui coûte. Les auteurs de cette étude proposent d'adapter les tarifs pour les rapprocher des frais réels d'utilisation des véhicules en augmentant la taxe sur le diesel et en créant des péages urbains dans les grandes villes.
Dans les plus petites villes, les auteurs proposent de relever les tarifs de stationnement et de les moduler en fonction de l'heure de la journée et de la motorisation du véhicule. Des mesures très sensibles, voire carrément impopulaires. L'étude émet l'idée d'investir cette manne dans les transports en commun et d'en redistribuer une partie aux plus modestes pour faire passer la pilule. Mais à un an de la présidentielle, aucune chance que ces mesures voient le jour, et d'ailleurs, le spécialiste auto de LREM, le député Damien Pichereau s'est déjà chargé de déminer le terrain dans le journal Le Parisien: aucun texte de loi n'est prévu, vous pouvez circuler !