ZFE menacées: Eric Piolle plaide pour leur maintien et veut un accompagnement de l'Etat avec "équité"

Les députés doivent se prononcer ce mercredi pour ou contre les Zones à faible émission. En commission, ils ont voté pour l'interdiction du dispositif mis en vigueur dans une vingtaine de villes françaises, accusé de pénaliser les ménages les plus modestes.
Les méthodes du gouvernement pour mettre ce projet sur pied sont aussi pointées du doigt. Les ZFE sont "issues du fait que l'Etat français n'a rien fait pour protéger les Français de la pollution de l'air", avance Eric Piolle, maire écologiste de Grenoble, sur le plateau d'Apolline Matin, favorable au maintien de ces zones.
"L'Etat n'a pas agi et a mis cette espèce de mesure, contraint par une directive européenne (...) Ils ont fait un truc à moitié en se défaussant sur les collectivités et les intercommunalités, en ne faisant pas la partie sociale, avec un flou et des allers-retours", ajoute l'édile.
Le manque d'accompagnement de l'Etat
Eric Piolle appuie toutefois sur la nécessité de mettre en place ces ZFE pour préserver la santé de la population du danger que représente la pollution de l'air.
"C'est un outil nécessaire vu où on en est, ça protège aussi les plus modestes. Il faut rappeler que l'essentiel de cette population vit dans les agglomérations", ajoute le maire.
Alors, il répond à celles et ceux qui considèrent cette mesure comme insupportable "qu'il faut protéger les personnes vulnérables et notre santé à toutes et tous".
Sur le plateau d'Apolline Matin, Xavier, restaurateur lyonnais, revient d'ailleurs sur sa propre expérience des ZFE. Propriétaire d'une Twingo "qui ne pollue pas plus d'une mobylette", mais vieille de 20 ans, son véhicule est classé Crit'Air 3.
"De chez moi ou mon restau, je ne peux plus aller dans une grande surface spécialisée, car j'ai 10 km de ZFE interdits aux Crit'Air 3. J'ai le droit à 52 trajets annuels, mais il faut que je préremplisse une demande sur internet la veille", déplore-t-il.
Eric Piolle rebondit en insistant sur la nécessité de la part du gouvernement d'être "clair dans l'accompagnement" auprès des Français. "Il a arrêté les aides à la conversion, il n'a pas lancé de plan pour les petites voitures électriques et il n'a pas non plus créé de marché de l'électrique secondaire", énumère-t-il.
Et d'ajouter : "Les intercommunalités et les territoires en arrivent à créer des dispositifs pour éviter cela", prenant exemple sur Grenoble, qui fait une exception pour les petits rouleurs qui parcourent moins de 50.000 km par an.
Eric Piolle demande donc que les ZFE soient maintenues, mais accompagnées par l'Etat, "qu'il y ait une justice et de l'équité". A charge contre le gouvernement, il rappelle que faire de "l'environnement sans le social, ce n'est pas de l'écologie".