Un an après, où en est le réarmement démographique? "Il ne s'est rien passé"

Entre janvier et novembre 2024, le nombre de naissances a reculé de 2,8% en France par rapport à la même période l'année précédente et pourrait ainsi atteindre un nouveau plus bas historique sur l'ensemble de l'année, selon des statistiques de l'Insee publiées mardi.
Voulant relancer la natalité en France, Emmanuel Macron avait dès lors prôné il y a un an un "réarmement démographique", évoquant notamment la mise en place d'un congé de naissance et un plan de luttre contre l'infertilité. Mais alors, depuis? "Il ne s'est rien passé", a déploré ce mercredi sur RMC Julien Damon, professeur à Sciences Po et spécialiste des politiques familiales. "La révision du congé parental, cela fait 10 ans que les rapports préconisent de raccourcir sa durée et d'augmenter le montant de l'indemnisation."
"Le réarmement démographique nous laisse un rien désarmé", ironise Julien Damon
Pour rappel, l'Insee dévoilait déjà, en novembre, que les naissances entre 2022 et 2023 avaient reculé de 6,6 %, soit la baisse la plus forte depuis la fin du baby-boom. Didier Breton, professeur de démographie à l'université de Strasbourg, expliquait au micro de RMC cette tendance par deux facteurs: "Une baisse de la pression sociale à avoir un enfant, ce qui permet à des individus de ne pas en avoir et une part un peu plus importante de couples qui restent à deux enfants, voire un."
Concilier vie familiale et professionnelle
Pour Julien Damon, ce qui va motiver ou non les couples à avoir un enfant relève notamment de la qualité du service public de la petite enfance. "Celle qui consiste à permettre aux futurs parents de disposer d'une place en crèche d'avoir recours à une assitante maternelle. C'est un point absolument clé. C'est ce qui leur permet de concilier vie familiale et professionnelle", a-t-il rappelé.
Au-delà de cette question de l'accueil des très jeunes enfant, ne plus vouloir être parent peut s'expliquer par une évolution des mentalités, qui s'accompagne de facteurs économiques et écologiques. "Jusque dans les années 80, le taux de fécondité baissait à mesure de l'augmentation de l'activité des femmes. Plus les femmes travaillaient, moins elles avaient d'enfant. Aujourd'hui, c'est l'inverse", a fait savoir l'universtaire.
Évolution des mentalités
"Quand on est en 2000, encore 50% des Français pensent que dans l'idéal, pour élever un enfant, il faut que la femme reste à la maison. Aujourd'hui, c'est 20%", a-t-il aussi rappelé. Et si faire des enfants demeure toujours un enjeu économique, pour la croissance mais aussi l'équilibre des comptes sociaux notamment les retraites, c'est aussi un "sujet de bonheur", assure Julien Damon.
"Un pays où il n'y a que des vieux, c'est triste et ça nous pend au nez", estime Julien Damon
Selon les chiffres de l'Insee, on compte ainsi 15.758 naissances de moins sur cette période par rapport à 2023, portant le nombre de nouveaux-nés sur les onze premiers mois 2024 à 606.591, précise l'Institut national de la statistique.
Cette tendance à la baisse des naissances s'explique en partie par la diminution du nombre de femmes de 20 à 40 ans (en âge de procréer) et surtout par la baisse du taux de fécondité (nombre d'enfants par femme) qui s'est établi à 1,68 enfant par femme en 2023, contre 1,79 en 2022.