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Éducation

Garde d'enfant: quelles solutions pour faire face au manque de places en crèche?

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Les Français qui voudraient participer au réarmement démographique peinent à faire garder leurs bébés, faute de places en crèche et de personnel. Mais la Cour des comptes a plusieurs solutions, notamment garder son enfant à la maison.

Pénuries de places en crèche, manque de personnel... La Cour des comptes a une solution: gardez vos bébés! Car la politique d’accueil de la petite enfance est défaillante et va dans le mur. Défaillante parce qu’on dépense une fortune, 16 milliards d’euros l’an dernier, pour un résultat insatisfaisant. Une famille sur cinq ne trouve pas de solution de garde.

Trop complexe, aussi. Pour la Cour des comptes, il y a une grande confusion, trop de disparités, trop de modèles différents. Des dispositifs d’aide financent des crèches, d’autres financent des familles directement, pour le recours à des assistantes maternelles notamment. Bref: on a du mal à y voir clair. "La dépense publique paraît mal maîtrisée" lit-on dans le rapport.

Prolonger le congé maternité?

Et attention, préviennent les Sages de la rue Cambon, le pire est à venir. La moitié des assistantes maternelles vont prendre leur retraite d’ici à 2030. Il est encore temps d’agir, mais il ne faut pas traîner.

En son temps, Elisabeth Borne promettait 200.000 places d’accueil supplémentaires. Une mesure qui coûterait 3 milliards d’euros. Au lieu de ça, la Cour des comptes propose d’autre solutions, mais qui vont faire débat.

La première, encourager les parents à garder les bébés à la maison. Face à la pénurie de professionnels, face à une offre trop faible, réduire la demande. Et pour ce faire: prolonger le congé maternité de 16 à 20 semaines. Raccourcir, mais mieux rémunérer aussi le congé parental, d’un an maximum aujourd’hui et indemnisé à 449 euros par mois.

Avec ces deux seules mesures, on libèrerait un peu plus de 100.000 places d’accueil. Pour un coût d’un peu plus de 700 millions d'euros. Ça coûterait moins cher à l’Etat, c’est sûr.

Disparités territoriales

Aujourd'hui, la Cour des comptes dénonce un manque d'efficacité. Fin 2022, on pouvait accueillir 60% des enfants de moins de 3 ans. Mais attention, il faut zoomer pour voir une grande inégalité territoriale. Par exemple, l’accueil couvre 78% des petits à Paris et 35% à quelques stations de métro, en Seine-Saint-Denis.

Le problème de la complexité des aides, c’est qu’elle exclut "les familles socialement ou culturellement désavantagées". Beaucoup de familles ne savent même pas les aides auxquelles elles ont droit.

La matinale 100% info et auditeurs. Tous les matins, Apolline de Malherbe décrypte l'actualité du jour dans la bonne humeur, avec un journal toutes les demies-heures, Charles Magnien, le relais des auditeurs, Emmanuel Lechypre pour l'économie, et Matthieu Belliard pour ses explications quotidennes. L'humoriste Arnaud Demanche vient compléter la bande avec deux rendez-vous à 7h20 et 8h20.
Expliquez-nous par Matthieu Belliard : Petite enfance/Cour des comptes, les préconisations - 13/12
5:19

Il faut en fait se demander à quoi servent ces aides? Et à qui? Quand elles ont été mises en place, elles devaient permettre l’emploi, des femmes en particulier. Aujourd’hui, ce sont les parents qui travaillent déjà qui bénéficient du meilleur accueil. Encore une incongruité: les parents isolés, dont la plupart sont des femmes, gardent davantage eux-mêmes leurs enfants que les couples.

Il faut se poser la question du sens des 16 milliards investis chaque année. Est-ce qu’on veut soutenir les parents? Les parents isolés? Aider les parents à travailler?  Relancer la natalité aussi, c’est revenu dans le discours politique avec le fameux "réarmement démographique" d'Emmanuel Macron. Or, ce qui a musclé la natalité française ces dernières décennies, c'est une certaine sécurité quant aux modes de garde.

Les entreprises doivent être plus sollicitées

La Cour des comptes propose de nombreux axes d’amélioration du système. On fait face à une "pénurie de professionnels", et ça ne va pas s’arranger. Il faut rendre ces métiers plus attractifs, disent les Sages, et améliorer aussi les conditions de travail.

Il faut rendre l’offre plus accessible aussi aux parents en horaires dits "atypiques". Il faut mieux partager l’effort aussi. Les entreprises ont un rôle à jouer dans la conciliation entre vie familiale et vie professionnelle.

Enfin, à plusieurs reprises, la Cour des comptes appelle à un meilleur pilotage des aides est des dispositifs. On met l’argent dans différents tiroirs sans vraiment se fixer d’objectifs. On manque d’une véritable stratégie nationale.

Matthieu Belliard