"Attaque par saturation": ce que l'on sait de la cyberattaque massive qui a visé des services de l'Etat

Plusieurs sites internets de services de l'Etat ont été visés par une cyberattaque d'une "intensité inédite", a indiqué Matignon ce lundi après-midi. Des ministères comme la Culture, la Santé, l'Économie et les Finances, et même les services du Premier ministre, ont été ciblés. Des attaques aux modalités techniques assez classiques qui ont été lancées dimanche soir, nécessitant la mise en place d'une cellule de crise.
Leur impact a été réduit, l'accès aux sites gouvernementaux touchés a été rétabli. Ils avaient en fait été saturés par ces attaques: trop de connexions simultanées et les sites ont crashé. A priori, aucune fuite de données n'a été recensée, mais la démonstration de force a fait son effet.
Les hackeurs ont réussi pendant plusieurs heures à mettre hors-service des centaines de sites internet appartenant à l'Etat.
“C’est une attaque par saturation. Pour vulgariser un peu, c’est comme si vous arriviez à 500 personnes en même temps dans votre meilleur restaurant, il n’y a pas assez de places pour tout le monde. Et donc les serveurs ne réagissent plus suffisamment rapidement et les gens ont l’impression qu’ils sont en panne”, explique Denis Jacopini, expert judiciaire en cybercriminalité.
Un risque de nouvelles attaques?
L'attaque a été revendiquée ce lundi par des hackeurs pro-russes, mais le lien direct avec le Kremlin n'est pas établi à ce stade. Mais difficile pour Ulrich Bounat, spécialiste de l'Europe de l'Est, de ne pas y voir l'influence de Moscou dans cette attaque d'envergure, à l'heure où le Parlement débat ce mardi de l'aide française à l'Ukraine.
“Le message qui s’adresse à la population française, c’est un peu ça: ‘Nous sommes capables de créer des perturbations dans votre État, donc peuple français fait attention à ce que vos dirigeants font’”, estime-t-il.
Cet analyste assure que ces cyberattaques risquent se répéter dans les prochaines semaines, avec en ligne de mire les élections européennes et les Jeux olympiques de Paris.