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Deux femmes handicapées retrouvent la parole grâce à un implant cérébral

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C'est une prouesse médicale et technologique. Deux femmes qui ne pouvaient plus parler à cause de maladies graves peuvent désormais communiquer à nouveau grâce à un implant électronique et à de l’intelligence artificielle.

Après un AVC ou certaines maladies, certaines personnes sont murées dans le silence. C’était le cas de Pat Benett, une Américaine de 68 ans atteinte de la maladie de Charcot depuis dix ans. Depuis peu, elle peut "parler" à nouveau. Plus précisément, c’est un implant cérébral qui permet à son cerveau d’envoyer ce qu’elle veut dire vers un écran d’ordinateur.

On n'arrête pas le progrès : Elles retrouvent la parole grâce à un implant cérébral ! - 30/08
On n'arrête pas le progrès : Elles retrouvent la parole grâce à un implant cérébral ! - 30/08
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Une puce minuscule équipée de 64 mini-électrodes, placée à la surface du cerveau, à un endroit très spécifique joue le rôle de vocalisation des pensées, c'est-à-dire l’articulation entre ce qu’on pense et ce qu’on dit. Ce petit appareil analyse l’activité électrique de cette zone du cerveau et est capable de décoder les mots qu’une personne a l’intention de prononcer ("tel signal électrique correspond à telle suite de mots").

Il ne reste plus qu’à les envoyer vers un ordinateur: dès lors, le texte peut soit s’afficher à l’écran, soit être vocalisé par un avatar virtuel. A l’écran, un personnage apparaît, qui prononce les phrases auxquelles je pense. Une prouesse bluffante, d'autant plus que les avancées de l’IA font qu’on pourra bientôt reproduire la voix exacte de la personne, à partir d’un simple enregistrement. Vous pensez à une phrase, et elle est prononcée par une machine avec votre voix : la technologie fait parfois des miracles.

Une technologie encore limitée

C’est évidemment extrêmement prometteur et porteur de promesses, mais il ne s’agit pas non plus de donner de faux espoirs. D’abord, ce n’est pas parfait. Sur les résultats, on parvient à décoder et prononcer 62 mots par minute, sachant qu’une conversation classique, c’est autour de 160 mots par minute. La machine est donc plus lente mais très prometteuse. Cette dernière innovation est trois fois plus rapide que ce qu’on arrivait à faire jusqu’ici.

Autre limite, cette innovation demande énormément de travail avec chaque patient, puisqu'il faut entraîner l’algorithme à reconnaître spécifiquement quel signal électrique envoyé par son cerveau correspond à tel mot ou groupe de mot. Dans le cas de Pat Benett, il a fallu 26 sessions de 4 heures, pendant lesquelles la patiente a essayé de prononcer des milliers de phrases. Même avec un tel entraînement, le taux d’erreur se situe autour de 25%. Puis, l’appareillage est encore assez encombrant, l'implant cérébral étant relié à un ordinateur par des fils.

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L’idéal serait de créer un système encore plus fluide, moins encombrant, sans fil et qui permette de parler aussi vite qu’une personne valide. Il va aussi falloir que cette technologie soit validée cliniquement et remboursée par les assurances, ce qui va prendre des années.

Un incroyable potentiel

En tout cas, cette prouesse montre une nouvelle fois le potentiel incroyable des implants cérébraux dans le domaine médical. Il y a quelques mois, une équipe de chercheurs franco-suisse était parvenue à faire marcher un patient paraplégique grâce à ce genre d’implant. Ces chercheurs sont parvenus à rétablir la communication, à faire une sorte de pont numérique entre le cerveau et la moelle épinière endommagée pour lui permettre de marcher à nouveau par la simple force de la pensée.

Selon les chercheurs, ce même genre de dispositif pourrait être adapté pour restaurer des fonctions des bras et des mains mais aussi pour des paralysies provoquées par des AVC par exemple. Sans compter les applications "grand public" comme écrire un sms en pensant, c’est peut-être pour demain. Peut-être que dans quelques années, le fait de tapoter l’écran tactile d’un smartphone nous semblera aussi archaïque que celui d’écrire avec une plume d’oie.

Anthony Morel