Faut-il interdire les réseaux sociaux aux jeunes? "C'est aux parents de fixer des règles"

Un constant alarmant, mais trop alarmiste? Un rapport sur l'utilisation des écrans chez les jeunes est remis à Emmanuel Macron ce mardi 30 avril 2024. Il préconise notamment une interdiction aux moins de 3 ans, un accès extrêmement limité jusqu'à 6 ans, d'interdire tout téléphone portable avant 11 ans et de n'y intégrer internet qu'à partir de 13 ans. Emmannuel Macron, lors de son discours sur l'Europe à la Sorbonne, a quant à lui déjà défendu le principe d'une "majorité numérique" à 15 ans au sein de l'UE.
Des recommandations intéressantes selon le Dr Jérôme Marty, médecin généraliste et chroniqueur dans Les Grandes Gueules. Le praticien s'inquiète en revanche de l'application de telles mesures.
"Sur l'absence d'écran avant 3 ans, ok. Chez les tout petits, l'écran est devenu une espèce de sucette numérique qui coupe du monde extérieur et ça, oui, ça risque d'impacter le développement", alerte-t-il.
"Interdire aux moins de 15 ans d'accord, mais comment?"
"Mais sur le blocage des réseaux avant 15 ans, par contre, je suis assez dubitatif. Il y a du bon et du moins bon sur les réseaux. Le problème est surtout l'absence de contrôle des nations sur les GAFAM. Ce sont devenus des supra-nations qui ont leur propre justice, et personne ne peut rien faire", regrette-t-il.
"Je ne vois pas comment on pourrait faire pour empêcher un gosse d'accéder aux réseaux. On est incapables de les empêcher d'aller sur les sites pornographiques limités aux moins de 18 ans donc comment tu veux limiter le reste...", souffle-t-il.
Un avis appuyé par Raphaël Grably, chef du service tech de BFMTV, qui estime que vérifier l'âge des jeunes avant d'utiliser un réseau social semble un challenge techniquement irréalisable. "Interdire aux moins de 15 ans d'accord, mais il faudrait donc vérifier l'âge de tous les Français. Comment ça se passe? Donner sa carte d'identité à Facebook et Tiktok?", interroge-t-il.
Le consensus scientifique n'est pas encore établi sur la question des écrans
Olivier Truchot s'interroge aussi sur les éléments scientifiques qui justifieraient une telle interdiction aux mineurs. L'effet délétère des écrans sur les enfants est en effet encore loin de faire l'objet d'un consensus chez les chercheurs.
"On est dans un bashing contre les écrans et les réseaux, alors que c'est de la responsabilité individuelle. C'est aux parents de fixer des règles", selon lui.
"On disait ça de la télé quand elle est apparue", ironise Olivier Truchot.
Là aussi, un point de vue que Raphaël Grably peut appuyer. "Le consensus scientifique est de dire qu'il faut arrêter d'utiliser ce terme d'addiction qui n'existe pas. Quand vous retirez un écran à quelqu'un qui le consulte 12 heures par jour, il ne va pas trembler, il n'aura pas de problème de sevrage", avance-t-il, estimant que le problème vient plutôt de ce qui s'affiche à l'écran et des algorothmes.
Comment s'opposer aux géants de la tech?
Le rapport des experts remis à Emmanuel Macron dénonce en effet les stratégies des géants du numérique pour capter l'attention des plus petits, et les enfermer devant les écrans. L'enseignante Barbara Lefebvre voudrait ainsi interdire les réseaux sociaux jusqu'à la fin du collège, jugeant qu'il y a un manque de courage politique pour lutter contre les méthodes utilisées par les géants du numérique.
"Les moins de 15 ans sont incapables de gérer leur addiction (aux écrans), car c'est fait pour rendre addict. On n'a toujours pas de politiques qui ont le courage à l'échelle suffisement forte, c'est-à-dire européenne, de s'opposer aux GAFAM et aux Chinois", juge-t-elle.