Qui se cache derrière le "ZCoin", l'intrigante cryptomonnaie des fans d'Eric Zemmour?

ENQUÊTE RMC - Une mystérieuse cryptomonnaie a été créé le mois dernier: le "ZCoin", présentée comme la "cryptomonnaie des conservateurs".

Le "ZemmourCoin" à l'assaut du monde de la cryptomonnaie? Si la cryptomonnaie la plus connue dans le monde aujourd'hui est le Bitcoin, le "ZCoin" s'invite en France dans la présidentielle. Même si les fondateurs assurent à RMC ne pas avoir de lien avec les équipes d'Eric Zemmour.

Qui se cache derrière ce "Bitcoin Zemmour"?

Derrière ce projet un peu fou de "cryptomonnaie des conservateurs": deux ingénieurs français en cyber-sécurité. Ils travaillent pour des grands groupes du CAC40, et ont lancé ce 11 novembre une nouvelle version de leur site.

Nous avons pu échanger au téléphone avec l'un d'eux, et il a fait un constat qui parait assez simple: il estime que les crypto-monnaies vont devenir la norme d'ici 5-10 ans, jusqu'à remplacer les monnaies traditionnelles. Il a remarqué qu'à l'approche de la présidentielle les médias parlaient beaucoup d'Eric Zemmour, et que c'était ainsi le moment idéal pour lancer une cryptomonnaie en surfant sur le "phénomène" Zemmour. Et c'est ce qu'il a fait il y a un mois maintenant.

Interrogé par RMC, le co-créateur ne se revendique pas comme un militant politique pur jus. Il dit avoir voté pour François Asselineau en 2017, séduit par son projet de "Frexit". Aujourd'hui, il reconnaît vouloir faire avancer les idées conservatrices d'Eric Zemmour.

>>> PODCASTS RMC - Retrouvez ici tous les podcasts "RMC présidentielle 2022"

A quoi ça va servir?

Officiellement, "faire connaître les crypto-monnaies", selon ses créateurs qui se défendent de chercher des moyens pour financer l'éventuelle campagne d'Eric Zemmour. "Ca ne sert pas à lever des fonds", assure le co-fondateur du "ZCoin". Les règles de financement de campagne électorale sont très strictes. Il n'est d'ailleurs pas possible de faire des dons en cryptomonnaie.

Aujourd'hui, la capitalisation "ZCoin" vaudrait entre 100 et 150.000 dollars, selon l'un de ses fondateurs, et il y aurait environ 900 propriétaires de "ZCoin".

Au lancement de la cryptomonnaie, les deux créateurs assurent ainsi que "quelqu'un qui aurait acheté pour 7 dollars de 'ZCoin' a pu les revendre pour 13.000 dollars au bout de deux semaines". Impossible à vérifier.

Qu’en disent les équipes du polémiste?

L'équipe du polémiste est plutôt laconique sur le sujet: "Pas envie de parler de ça, on ne peut pas contrôler tout ce qu'il se passe sur internet", nous dit son entourage, agacé par le sujet. 

"Pour nous, la réglementation est claire, nous ne recevons pas de dons en cryptomonnaie ou venus de l'étranger. Après, si des bonhommes font des dons dans le cadre réglementaire, je ne vois pas de difficultés", lâche un membre de l'équipe Zemmour.

Mais le phénomène interroge, jusqu'au gouvernement. "Je pense que c'est juste du buzz, ne passez pas une seule seconde là-dessus, ça n'a aucun intérêt", assure un ministre, avant de nous dire, un peu plus tard, qu'il allait tout de même regarder ça de plus près...

>>> A LIRE AUSSI - La cryptomonnaie pour les nuls: les conseils d'Emmanuel Lechypre

Les cryptomonnaies, monde encore instable en proie à des arnaques

L'univers des cryptomonnaies, secteur en croissance exponentielle, est encore instable et parfois nébuleux. Il est sujet à des arnaques avec des projets de cryptomonnaies plus ou moins sérieux qui pullulent, visant des investisseurs particuliers parfois naïfs, appâtés par la promesse de gains élevés.

Par exemple, le "Squid Coin" illustre les dangers pour les investisseurs peu avisés: cette cryptomonnaie, créée sur le thème de la série à succès de Netflix "Squid Game" par des anonymes sans aucune connexion avec le géant du visionnage en ligne, a connu un succès vertigineux en quelques jours fin octobre. Mais les acheteurs découvrent qu'ils ne peuvent pas la vendre et encaisser leurs profits, et début novembre, les créateurs disparaissent des réseaux sociaux alors que le prix s'écroule.

Même si les échanges semblent avoir repris, les sommes investies ont été siphonnées, et les investisseurs cherchent en vain des explications.

Avec AFP

Jérémy Trottin et le service politique de RMC