Ces cocktails d'additifs favoriseraient le diabète: dans quels aliments les trouve-t-on?

Gare aux additifs alimentaires. Une étude de l'Inserm, l'Institut national de la santé et de la recherche médicale, publiée ce mardi 8 avril, alerte sur les risques liés à leur consommation.
Des travaux avaient déjà été réalisés sur les effets néfastes de ces ingrédients, pris individuellement. Mais ici, pour la première fois, l'Inserm s'intéresse aux conséquences de la consommation de ces additifs ensemble, mélangés.
Et ses conclusions sont particulièrement inquiétantes: selon l'Institut, deux mélanges d'additifs présents dans notre alimentation présentent un risque accru de diabète de type 2. Dans quels produits les trouve-t-on? Comment les repérer? RMC Conso vous explique.
C'est quoi un aliment ultra-transformé?
Les additifs alimentaires composent principalement l'alimentation ultra-transformée. Or, au supermarché, les produits ultra-transformés sont omniprésents. Ils représentent 80% de l'offre, et un tiers de nos apports caloriques. Savoir les identifier permet déjà de repérer les produits dont il faut se méfier.
On entend par aliments ultra-transformés des aliments "fabriqués par des procédés industriels, à partir de denrées brutes, de produits industriels et d'additifs," explique l'Inserm. En gros, tout ce qui ne se retrouve pas dans la nature à l'état brut, ou tout ce qui est composé de plus de deux ou trois ingrédients.
Les fruits, les légumes, la viande, le poisson, l'huile, mais aussi le beurre, sont considérés comme des aliments bruts car composés d'un seul ingrédient. Des aliments transformés mais par des procédés simples et qui ne contiennent que deux ou trois ingrédients, comme les yaourts nature, la confiture, la sauce tomate, ne sont pas considérés non plus comme ultra-transformés.
En revanche, tout ce qui est transformé industriellement et composé de plus de trois ingrédients, dont des ingrédients qu'on ne retrouve pas dans ses placards de cuisine, sont des produits ultra-transformés.
Les additifs sont utilisés dans ces produits pour des raisons organoleptiques et sanitaires: ils aident à la conservation, améliorent la texture, régulent l'acidité... Et contrairement à une idée reçue, qui dit additif, ne dit pas nécessairement produit chimique: "il peut très bien y avoir des additifs issus de substances naturelles qui ne sont pas moins nocifs," affirme Mathilde Touvier, directrice de recherche à l'Inserm et autrice de l'étude, contactée par RMC Conso.
On les trouve dans la quasi totalité des aliments ultra-transformés, mais certains en contiennent plus que d'autres. Surtout, c'est l'association de plusieurs d'entre eux qui, selon cette étude, est particulièrement nocive.
Les scientifiques ont analysé les données de santé de plus de 100.000 adultes, ce qui leur a permis d'isoler cinq groupes d'additifs souvent consommés ensemble, parmi lesquels deux favorisent l'apparition du diabète de type 2.
Un exemple de menu bourré d'additifs
RMC Conso a composé un menu qui contient la totalité des additifs présents dans ces deux groupes identifiés par l'Inserm. Cela n'a, malheureusement, pas été compliqué: le menu que nous avons établi est extrêmement courant.
Ainsi, si vous faites un hamburger-frites à la maison, composé de pain à hamburger acheté en supermarché, de cheddar industriel, de sauce samouraï, de frites surgelées, que vous buvez un Coca-Cola, et que vous prenez, en guise de dessert, un yaourt protéiné à la vanille, vous aurez consommé les deux cocktails d'additifs incriminés par l'étude.
Ce menu, bien que "fast-food", semble inoffensif: en composant vous-même votre burger, vous avez peut-être l'impression de cuisiner "maison". Pourtant, au total, vous aurez ingéré plus de 20 additifs...
Amidon modifié, gomme guar, carraghénanes, polyphosphates, sorbate de potassium... Autant d'ingrédients aux noms mystérieux, symboles de l'alimentation industrielle. Dans le pain, un conservateur permet d'éviter qu'il ne moisisse au bout de quelques jours. Dans le fromage, un correcteur d'acidité pour éviter qu'il ne devienne acide. Dans la sauce, un émulsifiant qui va faire que l'huile et l'eau ne se séparent pas et que la texture se maintienne.
Ce n'est évidemment qu'un exemple. Car ces additifs sont présents dans des aliments aussi variés que des carottes râpées sous vide, les produits allégés, les biscuits, le pain de mie, les yaourts aromatisés...
Comment repérer ces additifs nocifs?
Mathilde Touvier indique que le premier groupe d'additifs suspecté d'augmenter le diabète contient un colorant, un conservateur et un ensemble d'émulsifiants: curcumine, sorbate de potassium, amidons modifiés, pectine, gomme de guar, carraghénanes, polyphosphates, gomme xanthane. Il se retrouve notamment dans des bouillons, des desserts lactés, des matières grasses et des sauces.
Le deuxième groupe est surtout présent dans les sodas: acidifiants et régulateurs d’acidité (acide citrique, citrates de sodium, acide phosphorique, acide malique), colorants (caramel au sulfite d’ammonium, anthocyanes, extrait de paprika), édulcorants (acésulfame-K, aspartame, sucralose), émulsifiants (gomme arabique, pectine, gomme de guar) et agent d’enrobage (cire de carnauba).
Bien sûr, tous ces noms barbares sont quasiment impossibles à retenir. RMC Conso vous conseille donc de faire attention à la liste des ingrédients des produits que vous achetez: au-dessus de trois ingrédients, une vigilance accrue est nécessaire. Lorsqu'il y a, dans la liste, des ingrédients que vous ne connaissez pas, méfiance.
Enfin, les noms des additifs sont parfois remplacés par leur code: E + trois chiffres. La présence de ce code vous renseigne sur la nature du produit: il est ultra-transformé. Plutôt à éviter, donc.