Origin'info: pourquoi ce nouveau logo est quasiment absent en rayon malgré son entrée en vigueur
Mais où est donc passé l'Origin'info? Ce logo, censé nous renseigner sur l'origine géographique de ce que nous mettons dans notre assiette, avait été annoncé au mois de mai 2024 et devait apparaître au cours de l'été. Il devait indiquer, sur les produits transformés, la provenance des trois principaux ingrédients.
Six mois plus tard, force est de constater que l'Origin'info est introuvable en rayons, absent des emballages. Il avait pourtant été créé en réponse au mouvement des agriculteurs de janvier 2024 et promettait un affichage sur au moins 10.000 références, de 119 marques, d'ici "la fin de l'année".
La fin de l'année arrivant, et tandis que de nouvelles manifestations agricoles sont nées de l'accord avec le Mercosur et les importations, de viande notamment, des pays d'Amérique centrale et du sud, RMC Conso fait le bilan. Sur quels produits peut-on déjà voir le logo Origin'info? Quand apparaîtra-t-il vraiment en rayons? Pourquoi tant de retard?
Le Gaulois et Biocoop précurseurs
Deux marques ont en réalité annoncé, au cours du mois de novembre, avoir commencé le déploiement du logo Origin'info sur leurs produits. La marque de volaille Le Gaulois assure l'apposer sur ses cuisses et filets de poulet rôti, bien que ce nouvel étiquetage se fasse encore rare en rayons.
L'enseigne Biocoop l'affiche depuis peu sur ses yaourts nature et à la vanille et reçoit d'ailleurs pour l'occasion la Secrétaire d'État chargée de la consommation Laurence Garnier, ce lundi 2 décembre, dans un de ses magasins du Mans.
Contactées par RMC Conso, les deux marques affirment leur volonté de déployer le logo sur l'ensemble de leurs gammes: progressivement, entre janvier 2025 pour la charcuterie de volaille, mai 2025 pour les cordons bleus, et août 2025 pour les émincés de filet rôti, pour Le Gaulois.
Chez Biocoop, on assure que "L'Origin'Info sera intégré sur les nouveaux produits en 2025, et plus largement sur l’ensemble de la gamme courant 2026 (au fur et à mesure des réassorts)".
Certaines marques de producteurs, réunies au sein de l'association En Vérité, à l'origine de la démarche, ont également d'ores et déjà lancé le déploiement du logo, soit en l'affichant sur leurs emballages (à l'instar de la marque Les compagnons du miel), soit via un QR code ou un lien vers leur site internet.
Premier trimestre 2025 pour les distributeurs
Côté distributeurs, qui s'étaient tous, à l'exception d'Aldi, prononcés en faveur du dispositif, on repousse l'échéance au premier trimestre 2025.
À compter de mars 2025, Intermarché affichera l'Origin'info sur les pasta box Monique Ranou, puis sur les yaourts brassés Pâturages. Il apparaîtra par ailleurs sur le site internet, pour certains produits du rayon frais, "d'ici fin d'année 2024", nous confirme une porte-parole.
Même discours chez Carrefour, qui affiche déjà l'Origin'info sur certains produits vendus sur le drive, et affirme que "les emballages modifiés arriveront en rayons début 2025". À la différence que, contrairement à Intermarché, l'enseigne dirigée par Alexandre Bompard a fait le choix d'un affichage par QR code, pour permettre "une lecture adaptée dans chaque pays de vente", les emballages étant multilingues.
Coopérative U promet l'apparition de la mention à partir de la fin du premier trimestre 2025 sur une centaine de produits, puis un affichage progressif sur les 5000 références que compte la marque distributeur de l'enseigne.
Réponse plus vague chez Casino et Monoprix, qui parlent d'un déploiement pour le premier semestre 2025, sans donner plus de précisions. Quant à Auchan, l'enseigne avait annoncé dès la signature de la charte qu'elle ne déploierait l'Origin'Info qu'à partir de 2025.
Enfin, Leclerc annonce à RMC Conso ne pas envisager d'apposer le logo Origin'info, parce qu'un affichage de l'origine géographique des principaux ingrédients existe déjà sur les produits de ses trois marques de distributeur.
Mais ces délais ne concernent que les marques propres des grandes enseignes, ces dernières n'ayant bien entendu pas la main sur les marques nationales. Celles-ci sont, en proportion, bien moins nombreuses à avoir signé la charte.
Parmi les plus connues, on peut citer Panzani, Fleury Michon, Lesieur (qui est en train de déployer le logo), ou Bonduelle (qui promet un déploiement progressif à partir du premier trimestre 2025 puis sur l'ensemble des gammes d'ici à fin 2026).
Pas d'obligation
Pour justifier cette lente mise en place, tous les acteurs contactés mettent en avant les difficultés liées à l'intégration du logo sur des emballages déjà chargés, l'écoulement des anciens stocks, ou encore le temps d'impression ainsi que les coûts liés aux nouveaux étiquetages.
"Le service marketing doit revoir la disposition des éléments sur le packaging pour faire de la place pour ce nouvel élément et coordonner l’arrivée en point de vente des nouveaux packs," explique par exemple une porte-parole d'Intermarché.
Une autre raison explique néanmoins le peu d'empressement que suscite l'instauration de l'Origin'info: il n'est pas obligatoire et dépend donc du bon vouloir des entreprises de l'agroalimentaire.
C'est d'ailleurs une des principales limites du système. Son caractère facultatif fait que les marques qui y adhèrent sont majoritairement déjà engagées pour plus de transparence. Le Gaulois se fournit exclusivement en volaille française, Biocoop met en avant l'origine des matières premières principales depuis 2020...
Des renseignements parfois vagues
Deuxième limite: le cahier des charges est finalement peu contraignant, les industriels pouvant indiquer des mentions aussi vagues que "Origine UE ou Canada", comme sur ces ravioli Carrefour, en n'étant pas obligés de préciser quel pourcentage de l'ingrédient vient de tel ou tel pays.
"On plaidait pour plus de précisions, mais lorsqu'une denrée vient de plusieurs endroits différents, cela complexifie l'étiquetage des packs, avec un logo déjà difficile à intégrer," justifie à ce sujet Julia Terpman-Perot, coordinatrice de l'association En Vérité, interrogée par RMC Conso.
"Certaines recettes nécessitent un multi-approvisionnement, parce que la denrée n'est pas disponible en quantité suffisante dans un seul pays. Dans ces cas-là, il est compliqué de connaître la part exacte des différentes origines."
Selon le cahier des charges de l'Origin'info, la mention "UE/non UE" n'est possible qu'à partir de quatre pays d'approvisionnement différents... Ce qui renseigne tout de même le consommateur: un tel affichage indique, finalement, une traçabilité impossible.
Pour les consommateurs qui ont à cœur de faire attention à cette question de traçabilité, mieux vaudra donc privilégier les produits qui indiquent une provenance plus précise... Lorsque l'Origin'info sera véritablement généralisé sur les emballages.