M&M's beurre de cacahuète, Cheetos, céréales Lucky Charms... Ces produits interdits en France sont pourtant en vente libre

Ceux qui ont la chance d'être déjà allés aux États-Unis en ont peut-être rapporté dans leurs valises... Les M&M's "peanut butter", qui remplacent la traditionnelle cacahuète entière de la version classique par du beurre de cacahuète, vendus dans des sachets rouges, font fureur chez les ados.
Mais vous-êtes vous déjà demandé pourquoi ils n'étaient pas vendus dans tous les commerces alimentaires? Ces M&M's sont en fait interdits en France, comme nombre de produits américains ou asiatiques extrêmement populaires chez les jeunes car faisant partie intégrante de la pop culture, vus dans des séries ou films à succès.
Bien que prohibés, ces produits sont très faciles à trouver dans des commerces spécialisés, en ligne, ou dans certains "corner" internationaux en grande distribution, comme l'a révélé une enquête du magazine Marianne parue jeudi 17 octobre.
Mais au-delà de l'aspect légal, RMC Conso vous explique pourquoi acheter ces produits est une mauvaise idée aussi bien pour votre santé que pour votre porte-monnaie.
Cocktails d'additifs
Dans la plupart des cas les aliments concernés contiennent des additifs controversés: des colorants allergisants ou pouvant modifier le comportement de l'enfant, voire suspectés d'être cancérogènes.
Le dioxyde de titane, aussi connu sous le nom d'E171, est notamment interdit dans l'alimentation, en France depuis 2020 et dans toute l'Union européenne depuis 2022. Il est classé comme cancérogène possible pour l'homme depuis 2006.
L'érythrosine, ou E127, est un autre colorant, rouge cette fois, interdit dans l'alimentation, sauf dans les cerises confites, tout comme le sulfate d'aluminium, E520, toléré également dans le blanc d'œuf.
D'autres comme le E102, le E110, ou encore E124 sont tolérés dans certains aliments mais ont des seuils maximaux autorisés.
Des dizaines de produits concernés
Les produits concernés se comptent par dizaines. L'enquête de Marianne évoque les M&M's beurre de cacahuète, la sauce cornichons Heinz, les sodas Fanta goût fraise et goût pêche...
RMC Conso a contacté la Direction nationale du renseignement et des enquêtes douanières (DNRED) pour tenter d'établir une liste de produits, mais "il est compliqué de faire une liste exacte, parce que les marques s'adaptent et un produit illégal aujourd'hui peut voir sa composition changer et être à nouveau autorisé sur le marché dans quelques semaines," nous répond un enquêteur.
C'est notamment le cas des pâtisseries pop-tarts, commercialisées par la marque Kellogg's. L'ancienne version à la fraise, qu'on trouve encore dans certaines épiceries, contient du dioxyde de titane. Dans la nouvelle version, cet additif a été retiré de la liste des ingrédients.
La présence ou non des additifs controversés dépend aussi de la gamme observée: pour une même marque, une gamme peut en contenir et une autre non.
Il faut donc s'atteler à une étude minutieuse des étiquettes, voire réaliser des analyses en laboratoire, certains ingrédients n'étant pas toujours mentionnés, pour déterminer les aliments interdits et ceux qui ne le sont pas. La liste des ingrédients des M&M's au beurre de cacahuète n'indique pas la présence de dioxyde de titane, par exemple.
Parmi les produits interdits et néanmoins commercialisés on trouve:
- Les M&M's beurre de cacahuète : ils contiennent du dioxyde de titane (E171)
- La sauce aux cornichons Heinz: elle contient du sulfate d'aluminium (E520)
- Le Fanta pêche et le Fanta fraise américains: ils contiennent trop de colorants (le double de la dose autorisée pour le Fanta pêche)
- Le Fanta pomme chinois: il contient un mélange de sucre (plus de 10 grammes) et d'édulcorants en excès
- Les chips Cheetos Flamin'Hot: elles contiennent les colorants Yellow 5 et Yellow 6, interdits dans les chips
- Les céréales Lucky Charms : elles dépassent les seuils autorisés de certains colorants (E129, E102, E133, E110)
- Les bonbons Sour patch kids à la pastèque : ils contiennent du dioxyde de titane (E171)
- Certaines gammes des bonbons Nerd's: ils contiennent du dioxyde de titane (E171)
- Certaines gammes de pâtisseries Pop-tarts: elles contiennent du dioxyde de titane (E171)
- Des bonbons colorés de la marque japonaise Seiki: ils contiennent de l'érythrosine (E127)
Cette liste n'est pas exhaustive:
"On a aussi retrouvé du dioxyde de titane dans des nappages pour gâteaux, dans des sucettes, etc," détaille l'enquêteur des douanes.
Retrouvés un peu partout dans le commerce
Il n'est pourtant pas difficile de retrouver ces produits dans le commerce. Ils sont vendus dans des boutiques spécialisées dans les produits américains, sur internet, dans des commerces parfois très divers (nous avons trouvé du Fanta chinois dans un magasin dont l'activité principale est la vente de CBD) mais également dans les chaînes de grands magasin comme Citadium ou le BHV et dans la grande distribution.
RMC Conso a par exemple relevé la présence d'un Fanta goût tropical thaïlandais, vendu au Vietnam, dont l'exportation n'est pas autorisée selon une mention sur la canette, dans un rayon d'un supermarché Intermarché, en région parisienne.
Contacté par RMC Conso, Intermarché a retiré le produit de la vente et nous explique que:
"Pour la plupart des produits, nos franchisés se fournissent auprès de nos centrales d'achat. Mais ils ont aussi la possibilité de se fournir ailleurs pour proposer à leurs clients des gammes plus diversifiées, avec par exemple des produits internationaux".
Or des importateurs se sont spécialisés dans l'importation de produits alimentaires venus des quatre coins du monde. Ils plaident parfois l'ignorance face à une réglementation complexe.
Des produits très chers
"Certains ne sont pas forcément conscients qu'ils importent des produits illégaux. Mais une fois qu'on saisit les produits, ils savent et cela ne les empêche pas toujours de recommencer. Le problème, c'est que c'est une activité très rentable puisque les produits sont revendus deux, trois fois plus cher," note l'enquêteur de la DNRED.
Au cœur de Paris, dans une boutique spécialisée dans la vente de snacks américains, le vendeur que RMC Conso interroge semble ne pas être au courant de l'interdiction des M&M's au beurre de cacahuète. Il sait toutefois que certains de ses produits posent problème:
"Les douanes interceptent et empêchent les livraisons, on doit tout le temps s'adapter à ce qu'on reçoit et changer de produits, alors qu'il n'y a rien de mal," peste-t-il.
Les prix appliqués sont effectivement bien supérieurs à ceux affichés sur les sites de e-commerce de grandes chaînes américaines comme Walmart: 2 dollars, soit 1,84 euros, pour un petit paquet de M&M's au beurre de cacahuète acheté 3,9 euros à Paris.
L'écart est encore plus important sur les céréales Lucky Charms: 4 dollars environ (soit 3,69 euros), contre 12 euros le paquet à Paris.
Cette activité particulièrement lucrative est donc compliquée à réguler pour les douanes françaises, qui estiment à plus d'un million le nombre de produits interdits qui ont passé les frontières depuis 2021.
Apprendre à repérer les ingrédients nocifs
Difficile de savoir ce que l'on peut consommer en toute sécurité, dans cet éventail de produits en vente libre, aux étiquettes quasi impossibles à décrypter. Quelques conseils peuvent toutefois être appliqués.
Lire les étiquettes et s'informer sur leur signification reste le meilleur moyen de se prémunir contre la consommation de produits nocifs. On fuira donc les produits aux listes d'ingrédients à rallonge, et qui contiennent beaucoup de E...
Si de nombreux colorants sont légaux en France, ils restent néanmoins des additifs de synthèse aux effets néfastes pour la santé. D'ailleurs, la présence de certains d'entre eux impose aux fabricants d'apposer la mention "peut avoir des effets indésirables sur l'attention et le comportement de l'enfant"... Fuyez les produits qui portent une telle mention: cela signifie qu'ils contiennent des colorants particulièrement mauvais.
Pour lire l'étiquette, encore faut-il qu'elle soit rédigée en français. La traduction des mentions sur l'étiquette est obligatoire. Si la liste des ingrédients n'est pas écrite en français, cela constitue une irrégularité: fuyez.
Enfin, vérifiez sur le site rappel.conso.gouv.fr si l'aliment n'a pas déjà fait l'objet d'un rappel conso lié à sa composition. Cela peut vous renseigner sur la légalité, ou non, d'un produit.