Mauvais Nutri-Score, sucre, additifs... Attention à ce que vous mangez dans les plats préparés

Des plats préparés dans les rayons d'une grande surface à Lyon (photo d'illustration). - JEFF PACHOUD / AFP
35% des Français ont augmenté leur consommation de plats préparés ces dernières années, selon une enquête du site de cuisine Seazon publiée en octobre 2024.
Pourquoi? Ce n'est pas pour leurs prix attractifs, car les plats préparés sont en moyenne 0,84 centimes d'euros plus chers que les mêmes plats faits maison. Les principales raisons évoquées sont avant tout pratiques: la réduction de la charge mentale et le gain de temps.
Mais qu'en est-il de la qualité nutritionnelle de ces plats? Les Français n'y font pas nécessairement attention et pourtant, ils le devraient.
Comme le révèle une enquête publiée ce mardi 6 mai par l'association Consommation, Logement et Cadre de Vie (CLCV), les plats préparés contiennent encore trop de matières grasses, de sel, de sucre et d'additifs. RMC Conso vous dresse un panorama des principaux résultats de cette étude.
Plus de Nutri-Score, mais de moins bonnes notes
En 2020, 41 références sur les 112 présentes sur le marché (soit 37%) affichaient le Nutri-Score. En 2025, 131 références sur 150 (soit 87%) l'aposent sur leur emballage.
"Le Nutri-Score a été affiché sur les emballages des références de plusieurs marques qui ne l’affichaient pas en 2020. C’est le cas par exemple pour les marques d’Aldi, Carrefour, Coopérative U, Picard ou encore la marque Giovanni Rana", souligne l'enquête.
Une "nette progression" certes. Pour autant, avec la mise à jour du Nutri-Score, 66% des plats préparés sont moins bien notés. Dans le détail, pour les 33 plats de Nutri-Score A, 58% passent en B et 33% passent en C. Pour les 61 plats de Nutri-Score B, 84% passent en C. Pour les 32 plats de Nutri-Score C, 13% passent en D.
Toutes recettes confondues, 69% des plats sont notés C (104 références), 22% B (32
références), 7% D (11 références) et 2% A (3 références). Aucun plat n’est cependant noté E.
Une qualité nutritionnelle variable pour une même famille de plats
"Pour la plupart des familles de plats, toutes les recettes ne se valent pas, même lorsque les plats semblent similaires, voire lorsqu’ils affichent un Nutri-Score identique", est-il constaté dans l'étude.
Par exemple, la famille des couscous et tajines a des teneurs en sel variant de 0,58g/100g à 1,2g/100g. Le Couscous royal Le Marché de Carrefour a la teneur en sel la plus élevée avec 1,2g/100g. À la portion, cela équivaut à un apport de 4,6g alors que selon les recommandations de l'OMS il ne faut pas dépasser 5g de sel par jour.
Le Parmentier végétal de Hari&Co a une teneur en acides gras saturés de 0,6g/100g, le Hachis parmentier à l’emmental gratiné La Cuisine des Saveurs de Aldi et le Hachis parmentier à l’emmental Toque du Chef de Lidl en contiennent 4,5g/100g.
De même pour les tartiflettes avec des teneurs qui varient de 3g à 6,2g/100g, les moussakas de 4,8g à 12g/100g ou encore les pâtes farcies avec des teneurs en matières grasses qui vont de 3,4g à 14g/100g. Des différences notables donc entre les mêmes types de produits.
Sucre, eau, additifs...
Comme le pointe l'enquête, de nombreux plats cuisinés ont des ingrédients inattendus, notamment du sucre (saccharose, sirop de glucose, dextrose…).
"Bien qu’ils ne représentent pas une source majeure d'apports en sucre, leur présence non attendue contribue néanmoins aux apports totaux et favorise l'accoutumance au goût sucré", alerte la CLCV.
24% des plats contiennent un ajout direct de matière sucrante sous forme de sucre (17%), de dextrose (4%), de sirop de glucose (3%) ou encore de caramel (2%).
Ensuite, l'eau: il est surprenant de la retrouver en tête de la liste des ingrédients de 17% des produits ou en deuxième position pour 22% des plats.
"Nous le mettons en parallèle de l’utilisation fréquente d’additifs texturants (stabilisants, épaississants, émulsifiants) mais aussi d’ingrédients liants ou déshydratés tels que l’amidon non transformé, de la chapelure, des flocons de pomme de terre, de la fécule ou encore des fibres végétales de pois, blé ou lin. Difficile de ne pas y voir une façon de créer du volume et en substitution d’ingrédients plus nobles", est-il détaillé.
Autre argument qui fait des plats préparés des produits ultra-transformés: les additifs. 46% en contiennent au moins un dans leur recette. Les agents de texture sont les plus fréquents (34%), suivis de près par les antioxydants (19%), les acifiants (16%), les conservateurs (15%) et les colorants (14%).
Des allégations parfois trompeuses
Sur les 117 plats cuisinés, 41 affichent des allégations "sans ", soit 35%. Il s’agit presque exclusivement d’allégations portant sur l’absence de certains additifs ou arômes.
Parmi les 40 produits alléguant sur l’absence de certains additifs, 30 soit les 3/4 ne contiennent aucun additif.
Mais certains industriels utilisent cette allégation à des fins purement commerciales pour vanter la composition de leurs produits, cacher d'autres ingrédients et pousser les consommateurs à l'achat.
Par exemple, le Poulet Pékin aux légumes et riz frais de Carrefour Le marché s’affiche comme "sans arômes artificiels". Il n'en contient effectivement pas, mais est composé de plusieurs additifs (E202 sorbate de potassium, E415 gomme xanthane et E412 gomme guar et E160a caroténoïdes).
Quelques signes positifs
L'enquête de la CLCV met tout de même en avant des signes encourageants. Celle-ci pointe des plats de qualité et sans additifs, arômes ou matières sucrantes. Car oui, il en existe.
En voici quelques exemples:
- Tortellini ricotta épinards U
- Blanque de veau Marie
- Parmentier de poisson Auchan
- Brandade de morue Monique Ranou (Intermarché)
- Blanquette de veau Picard
- Hachis parmentier Toque du Chef (Lidl)
Ensuite, parmi tous les plats, aucune huile de palme ou de coco n’a été retrouvée. Un point à saluer, selon l'association, qui suggère d'utiliser davantage d'huile de colza plutôt que de tournesol.
De plus, 10% des plats ont amélioré leur Nutri-Score grâce à un changement de leur composition nuritionnelle. Par exemple, le Couscous à la Marocaine de Fleury Michon est passé d’un Nutri-Score C à B du fait d’une baisse de la teneur en acides gras saturés de 36% et d’une baisse de la teneur en sel de 10%.
De même pour le Poulet Tikka Riz basmati d’Aldi qui est passé d’un Nutri-Score C à B grâce à une baisse de la teneur en acides gras saturés de 39% et d’une augmentation de la teneur en protéines de 48%.
Même s'ils restent encore importants, l'étude note également une baisse des additifs dans les plats entre 2020 et 2025: 37,5% d'entre eux ont réduit leur nombre. Par exemple, la poêlée campagnarde Monique Ranou a retiré près de 8 additifs.
Près de 13 recettes ont également supprimé le sucre, comme les lasagnes Monique Ranou ou encore la tartiflette Fleury Michon.
Analyse de la composition de 150 plats cuisinés frais et surgelés. Relevé réalisé en janvier 2025 en magasin et en ligne dans 10 enseignes: Aldi, Auchan, Carrefour, Coopérative U, Intermarché, Leclerc, Lidl, Monoprix, Picard, et Thiriet.