"Respectueux de l'environnement", "zéro carbone"... L'Europe fait la chasse aux faux labels verts

Après un vote au mois de janvier au parlement, le Conseil de l'Union européenne a adopté mardi 20 février la directive visant à interdire l'écoblanchiment ou "greenwashing" et les informations trompeuses sur les produits. De nombreux industriels attirent les consommateurs en apposant sur les emballages des mentions comme "respectueux de l'environnement" ou "neutre en carbone". Mais ces allégations sont-elles vraies et vérifiables? RMC Conso fait le point et décrypte pour vous ces étiquettes.
53% des allégations vertes infondées
La directive européenne repose sur un état des lieux, dressé par la Commission européenne en 2020, qui estime que 53% des allégations vertes sur les emballages nous donnent des informations vagues, trompeuses ou infondées.
Il s'agit, par exemple, d'une barquette de jambon blanc sur laquelle figure la mention "100% engagé". À première vue, le logo en forme de plante verte ressemble à un label officiel.

Pourtant, il n'en est rien et l'emballage ne nous en dit pas plus sur la signification et les détails de ce soi-disant engagement. Nous avons tout simplement affaire à une technique commerciale bien huilée, qui surfe sur le souhait des consommateurs de faire des choix plus vertueux pour l'environnement lorsqu'ils font leurs courses.
Des champignons vertueux pour la planète?
Même constat pour des champignons de Paris, originaires de Belgique et entourés de plastique, pourtant "respecteux de l'environnement", selon l'emballage. Lorsqu'on consulte le site Internet de la marque pour avoir des détails, un maigre paragraphe nous renseigne sur les méthodes de culture de ces champignons, sans réels éléments vérifiables.


La nouvelle réglementation européenne ne permettra plus ce type de mentions, et imposera aux industriels un contrôle par des organismes indépendants avant toute mise sur le marché. Lorsqu'une allégation verte sera affichée sur l'emballage, elle devra être étayée d'explications précises et de preuves scientifiques, disponibles via un site Internet ou un QR code.
La mention zéro carbone interdite
Quant à l'allégation "zéro carbone", elle sera presque complètement bannie des étiquetages. Toléré jusque-là, le procédé par lequel les industriels compensent leurs émissions de gaz à effet de serre en achetant des crédits sur le marché du carbone ou en plantant des arbres ne suffira plus pour se targuer d'une neutralité en carbone. L'exception concernera les marques qui parviennent à prouver qu'elles ont réduit considérablement leurs propres émissions et qu'elles n'utilisent ces mécanismes de compensation que dans une infime mesure.

Bien que depuis 2021 la loi française interdise déjà l'écoblanchiment (loi climat et résilience), assimilé à des pratiques commerciales trompeuses, l'organisme chargé de contrôler sa bonne application, la Direction générale de la concurrence, la consommation et la répression des fraudes (DGCCRF), a relevé dans un rapport de mai 2023 qu'un établissement sur quatre présentait des anomalies.
2 ans de prison et 300.000 euros d'amende
En France, les peines encourues pour ces malversations sont de deux ans de prison et 300.000 euros d'amende, la somme pouvant être majorée de 10% du chiffre d'affaires annuel moyen de l'entreprise. L'Europe ajoutera à cela l'exclusion des marchés publics et la confiscation des revenus. Les États membres disposent de deux ans pour intégrer ces nouvelles dispositions dans leur droit national.

En attendant, RMC Conso vous conseille de consulter le site de l'ADEME, l'agence pour la transition écologique, qui a mis en place un outil pour vérifier quels sont les labels préconisés par le gouvernement. Dans le domaine de l'alimentaire, les labels sont recommandés pour la rigueur de leur cahier des charges: Agriculture biologique, Bio cohérence, Nature & progrès et Max Havelaar.