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Emballages verts, "bon pour l'environnement"... Attention aux étiquettes trompeuses au supermarché

Du Nutella vegan dans un supermarché

Du Nutella vegan dans un supermarché - Riccardo Milani / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP

Le greenwashing est une pratique répandue dans de nombreux secteurs: il trompe le consommateur via des allégations écologiques pas toujours justifiées. En France, c'est la Répression des fraudes qui contrôle le respect des règles en la matière.

Le greenwashing est dans le viseur de la Répression des fraudes. L'administration vient de publier le bilan de ses enquêtes 2023 et 2024. Elle fait état de plus de 15% de manquements graves en ce qui concerne cette pratique, appelée en français écoblanchiment, et qui consiste en l'utilisation d’arguments écologiques trompeurs à des fins commerciales.

Or le greenwashing est une pratique interdite, dans la mesure où elle constitue une tromperie qui a pour objectif de pousser le consommateur à l'achat. Dans les cas les plus sévères, les contrôles de la DGCCRF (Direction générale de la consommation, la concurrence et la répression des fraudes) donnent lieu à des sanctions.

Dans le détail, sur plus de 3.000 établissements contrôlés, plus de 430 injonctions de mise en conformité, 70 amendes administratives et procès-verbaux pénaux et 500 avertissements ont été prononcés.

Ce que leur reproche l'administration: l'utilisation récurrente d'allégations environnementales trop génériques, imprécises, voire injustifiées ou totalement interdites. Effectivement, ces mentions ne peuvent figurer sur les emballages ou les publicités que si elles se réfèrent à des actions concrètes avec un impact environnemental significatif.

Des allégations vagues du type "éco-responsable", "préservant la planète", "bon pour l'environnement", sans justifications ne sont pas tolérées.

Mention "upcyclé" pour un produit neuf venu d'Asie

Par exemple, indique le communiqué de la DGCCRF, "dans le secteur textile, l'emploi du terme 'upcyclé' avec un logo vert sur des tee-shirts et pantalons, alors que les articles avaient été importés à l'état neuf en provenance de pays asiatiques, a été sanctionné par un procès-verbal pénal pour pratiques commerciales trompeuses."

Le textile n'est pas le seul secteur concerné: le greenwashing est présent dans l'alimentaire, l'ameublement, l'hôtellerie... La DGCCRF mentionne également le cas d'un fabricant de chocolats qui vantait la décarbonation de sa production alors que celle-ci n'était qu'à l'état de projet. Ou encore des produits chimiques toxiques pour la santé et l’environnement qui affichaient la mention "des produits sains pour vous, pour moi et bons pour l’environnement".

Mais outre ces cas considérés comme des manquements sérieux, RMC Conso a repéré, en rayons, de nombreuses allégations environnementales floues, incomplètes ou injustifiées, et l'utilisation abusive de la couleur verte sur les emballages.

Du vert partout sur les emballages

Associée, dans notre esprit, à l'agriculture biologique ou à l'écologie, elle est pourtant désormais largement répandue en rayons, parfois sur des produits qui n'avancent par ailleurs aucun argument écologique et qui ne sont pas bio. On ne peut s'empêcher de penser que la couleur n'a pas été choisie au hasard mais bien pour attirer l'œil distrait du consommateur en rayons et orienter son choix parmi tous les concurrents.

D'autres fois, le vert est utilisé pour désigner des produits végétariens ou vegan. C'est le cas par exemple du Nutella vegan, version de la célèbre pâte à tartiner qui remplace la poudre de lait par des pois chiche. Il arbore un couvercle entièrement vert pomme.

Si les produits vegan ont certes un impact environnemental moins lourd que les produits à base d'ingrédients d'origine animale, l'ingrédient le plus controversé du Nutella pour son impact sur l'environnement n'est pas le lait, mais l'huile de palme. Or cette dernière est toujours présente dans le Nutella vegan... Cette pâte à tartiner tout de vert vêtue est donc loin d'être vertueuse pour la planète...

"Végétal engagé", terme fourre-tout

Autre exemple de greenwashing repéré en rayons, un sachet de baby-carottes affichant un médaillon vert surmonté d'une feuille avec l'inscription "végétal engagé". Un terme fourre-tout, qui ne veut rien dire. Sur l'emballage, aucune précision sur ce prétendu "engagement", ni sur les conditions de production des carottes, qui ne sont pas des carottes bio.

Enfin, RMC Conso a repéré des paquets de mouchoirs verts avec la mention "fait en plastique recyclé". Mais en retournant l'emballage, on s'aperçoit qu'il est précisé, en tous petits caractères, que la matière recyclée ne représente que 20% de l'emballage.

On pourrait citer des dizaines d'exemples similaires. Pour lutter contre ces allégations environnementales trompeuses, une directive européenne, qui doit être transposée dans le droit français en 2026, impose la vérification par un tiers indépendant de toute allégation ou label autoproclamé.

La DGCCRF indique également qu'à la suite de ses contrôles, "les professionnels ont, dans leur grande majorité, procédé à une remise en conformité volontaire en modifiant ou supprimant les allégations trompeuses, ce qui constitue une pratique encourageante."

Malgré tout, face à la multiplication des allégations marketing sur les emballages qui peuvent entraîner de la confusion, le consommateur doit être vigilant lorsqu'il fait ses courses. Si vous souhaitez orienter vos choix vers des produits plus vertueux pour l'environnement, RMC Conso vous recommande de ne vous fier qu'aux labels officiels.

Vous pouvez en retrouver la liste sur le site de l'ADEME, l'agence de la transition écologique. En supermarché, les plus répandus sont les labels "agriculture biologique" et "écolabel européen".

Charlotte Méritan