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Assurance, téléphonie, cashback: méfiez-vous des abonnements cachés

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Un Français sur trois ne sait pas à combien de services il est abonné. Or, parfois des abonnements se cachent derrière des offres de réductions ou de remboursements. RMC vous explique les dessous de cette technique de vente.

Selon une étude Ipsos réalisée en partenariat avec Game Changers et Papernest en septembre 2021, les Français ont en moyenne dix abonnements différents mais 35% ne savent pas dire combien ils en ont exactement.

En plus des classiques forfaits téléphoniques, abonnements presse ou abonnements à des plateformes vidéos, il y a ce qu'on appelle des abonnements cachés: quelques dizaines d'euros prélevés sur vos comptes chaque mois pour un service que vous avez souscrit sans même en avoir conscience. RMC Conso vous explique.

Des assurances inutiles

Il y a quelques jours, l'Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR), le gendarme des assurances, alertait sur l'inutilité de certaines assurances souscrites en même temps qu'un achat.

Celles affiliées à l'achat d'un téléphone portable connaissent un taux de défaut de consentement de 60%, ce qui veut dire que les consommateurs ont souscrit ces assurances mobiles sans même s'en rendre compte.

Il s'agit d'un abonnement caché. Généralement dissimulé derrière une offre attrayante: un remboursement de quelques dizaines d'euros sur l'achat du téléphone, par exemple.

Mais ce remboursement est conditionné à la signature de contrats rébarbatifs qu'on ne lit pas toujours en détail. Au milieu, peut se cacher un mandat de prélèvement autorisant un débit mensuel d'une quinzaine d'euros.

Une technique légale et lucrative

Derrière ce débit, il y a, bien sûr, normalement un service: la réparation du téléphone en cas de casse, son remboursement en cas de vol... Ce qui rend le procédé des abonnements cachés parfaitement légal: on pourra reprocher au consommateur son inattention et son manque de vigilance au moment de la signature.

Ils sont toutefois une belle manne financière pour les entreprises: des chercheurs américains ont évalué que certains services vont jusqu’à tripler leurs recettes avec ce système d’abonnements, selon Les Echos. Alors pour dévier l'attention du consommateur afin de le pousser à la souscription, toutes les méthodes sont bonnes, en premier lieu la promesse de remporter un gain.

Le site "Remises et réductions", propriété de Webloyalty, l'a bien compris: il fait apparaître un message "bénéficiez d'un remboursement de 15 euros" à l'issue d'un achat sur un de ses sites partenaires (entre autres Auchan, Marionnaud, Expedia...).

Capture d'écran du site Remises et Réductions
Capture d'écran du site Remises et Réductions © remisesetreductions.fr
Capture d'écran du site SNCF connect à l'issue d'un achat
Capture d'écran du site SNCF connect à l'issue d'un achat © Twitter

Sous cette phrase, en plus petit, il est spécifié que le remboursement est conditionné à la souscription d'un abonnement de cashback (système par lequel on obtient des réductions sur des sites marchands partenaires), entre 15 et 20 euros par mois.

Fin du partenariat avec la SNCF

Beaucoup de consommateurs se plaignent d'avoir cliqué pour obtenir le remboursement sans faire attention à la notification d'abonnement payant. Après une polémique à ce sujet en octobre dernier, SNCF Connect, qui était partenaire de Remises et réductions, a rompu son partenariat en février.

Pourtant, le logo SNCF Connect est toujours présent sur le site de Remises et réductions.

Contactée par RMC Conso, la société Webloyalty nous explique que les réductions sur les billets de train sont toujours disponibles pour les personnes déjà abonnées. Elle estime que ses offres de remboursements cashback, "minimum de 15%, viennent soutenir le pouvoir d’achat des Français".

"Webloyalty a une excellente appréciation de ses membres utilisateurs qui sont, par ailleurs, à l'origine du maintien de l'avantage concernant la SNCF", nous précise-t-elle.

Il faut toutefois avoir un pouvoir d'achat conséquent pour que l'offre vaille le coup: à 15% de remise par achat, il faudra dépenser environ 1500 euros par an (via les partenaires marchands) pour rentabiliser un abonnement de 18 euros par mois.

Une offre VIP sur un site de prêt-à-porter

Un autre exemple d'abonnement caché se trouve sur un site de e-commerce de vêtements qui propose une offre VIP pour obtenir des réductions sur les articles: une paire de chaussures à 28 euros au lieu de 58. Voire même à 10 euros pour le premier achat des nouveaux abonnés...

Sur le site, c'est bien le tarif réduit qui est mis en avant: il est écrit plus gros, en rouge et lorsqu'on ajoute l'article au panier et qu'on souhaite procéder au paiement, l'offre VIP est appliquée par défaut.

Capture d'écran du site just fab
Capture d'écran du site just fab © justfab.fr

Il semble n'y avoir aucun moyen de désactiver cette option afin de payer le tarif standard sans abonnement. Un conseiller au téléphone nous assure que ce dernier n'est pas obligatoire. Impossible pourtant de trouver l'alternative. Il nous précise:

"Si vous ne parvenez pas à choisir l'option sans abonnement, ne vous inquiétez pas, vous pouvez prendre l'abonnement et résilier ensuite."

C'est vrai: l'abonnement est sans engagement, résiliable à tout moment. Mais si on ne fait pas attention, on se retrouve rapidement à valider la souscription à 44,95 euros par mois.

Ces 44,95 euros ne sont pas complètement perdus puisqu'ils sont convertis en bon d'achat. Une façon d'imposer aux consommateurs de nouveaux achats sur le site... Une fidélisation presque forcée, finalement.

Les conseils de RMC Conso

Si vous réalisez que vous venez de souscrire à un abonnement dont vous ne voulez pas, pas de panique: vous disposez d'un délai de rétractation de 14 jours. Pensez à consulter vos relevés de comptes bancaires régulièrement pour vous assurer que des prélèvements incompris n'y figurent pas.

Si vous vous apercevez que vous possédez des abonnements qui vous sont inutiles, n'hésitez pas à les résilier: depuis le 1er juin 2023, vous devez pouvoir le faire directement en ligne, en trois clics. C'était une des promesses de la "loi pouvoir d'achat" d'août 2022.

En ultime recours, vous pouvez demander à votre banque de faire opposition au prélèvement (mais attention, il ne faut pas le faire tant que vous n'avez pas tenté de stopper le prélèvement par la voie de la résiliation amiable).

Charlotte Méritan