Journées de la réparation: réparer ou remplacer ses objets du quotidien, quel est le plus rentable?

L'intérêt premier de la réparation, par rapport au remplacement, est bien entendu écologique: selon le Commissariat général au développement durable, on produit, chaque année, 62 millions de tonnes de "e-déchets" (appareils électriques jetés) dans le monde. Un chiffre en hausse de 82% comparé à 2010.
Mais lorsqu'on interroge les Français, leur préoccupation première en ce qui concerne le choix de réparer ou remplacer un objet abîmé est le gain financier potentiel. Selon une étude d'Elabe pour Ecosystem de 2025, 59% de ceux qui pratiquent la réparation le font pour son bénéfice financier par rapport au rachat.
Mais cette même étude nous apprend que 61% des personnes interrogées sont freinées par le coût de la réparation. L'idée selon laquelle la réparation coûte plus cher que le remplacement a la vie dure. Et le réflexe de remplacer, bien ancré dans les habitudes de consommation.
Réparer plutôt que remplacer, ça peut valoir le coup
Selon l'Ademe, 72% des Français remplacent effectivement un produit dès qu’il est abîmé, cassé ou endommagé.
Pourtant, la réparation vaut véritablement le coup dans de nombreux cas, particulièrement le gros électroménager ou les produits de high-tech comme les téléphones portables.
Prenons un exemple: un lave-linge, dont le prix moyen est de 400 euros. Sa réparation coûtera en moyenne 200 euros. Réparation de laquelle le consommateur pourra déduire une aide de l'État, le bonus réparation, de 50 euros.
La réparation revient donc à 150 euros, presque trois fois moins que le rachat à neuf. Évidemment, ceci est une moyenne, et la rentabilité de la réparation par rapport au remplacement dépendra de nombreux facteurs: prix de l'achat initial, âge de l'appareil, degré de gravité de la panne... Sans compter le très incertain facteur de la durée d'allongement de la vie de l'appareil (qui sait s'il ne retombera pas en panne dans un an).
En général, plus le prix à l'achat est élevé plus la réparation vaut le coup, mais on considère qu'au-delà de 10 ans d'âge, mieux vaut changer la machine. À moins qu'elle ait un excellent indice de durabilité, désormais obligatoire sur les lave-linge et qui donne une note de 1 à 10 pour savoir si l'appareil est facilement réparable, les pièces disponibles, le démontage facile, etc.
Petit électroménager, moins rentable à réparer
En revanche, réparer un appareil de petit életroménager est moins souvent rentable que de le remplacer. Si l'on prend l'exemple d'une cafetière à filtre, qu'on trouve facilement dans toutes les enseignes autour d'une trentaine d'euros neuve, la réparation n'est pas intéressante. Entre le déplacement du réparateur, son diagnostic et sa réparation, la facture ne pourra pas être inférieure à 50 euros.
Et comme le bonus réparation, pour une cafetière à filtre, est fixé à 15 euros, l'opération est forcément perdante: il vous en coûtera, finalement, 35 euros, soit plus que le prix du neuf, pour un allongement de la durée de vie de l'appareil incertain.
Par ailleurs, les prix à neuf de ce type d'appareils tendent à baisser au fil des années, en raison de la délocalisation de la production et de coûts de main d'œuvre à l'étranger moins élevés. Selon l'UFC-Que Choisir, sur certains appareils, cette baisse va jusqu'à -70% en 25 ans.
Or, selon l'Ademe, on tend à privilégier la réparation que si elle coûte moins du tiers du prix neuf. Un ratio quasi impossible à ne pas dépasser pour des appareils de petit électroménager peux onéreux.
C’est la raison pour laquelle, selon l'association CLCV, le bonus réparation de ces appareils devrait être réhaussé afin de rendre la réparation plus attractive. Son montant peut en effet aller du simple au triple selon l'objet (tous les montants sont à retrouver sur le site de l'Ademe).
Un bonus réparation trop peu utilisé
D’ailleurs, le bonus réparation reste encore peu utilisé, preuve que son existence ne suffit pas à inciter à la réparation. Seuls 17% de l'enveloppe ont été utilisés l’année dernière. Ce qui est regrettable, dans la mesure où ce sont les consommateurs qui financent cette enveloppe, via l'éco-contribution prélevée sur chaque achat d'appareil neuf. L'enveloppe inutilisée est réallouée l'année suivante.
Il faut dire que les contraintes pour bénéficier du bonus réparation sont nombreuses. Il faut, tout d'abord, se tourner obligatoirement vers un réparateur agréé. Or, seuls 34% des réparateurs le sont. Il y en a certes de plus en plus au fil des années, mais d'importantes disparités existent selon les régions. Par exemple, dans le département du Nord, il n'y en a qu'un pour 20.000 habitants.
Deuxième problème: un effet d’aubaine, avec une hausse du prix des réparations a été constaté depuis la mise en place du bonus en 2022. Ces augmentations, entre 10 et 20% selon les réparateurs et les pannes, vont bien au-delà de la seule inflation.
Toutefois, pour réparer ses appareils, s'adresser à un professionnel n'est pas la seule solution. L'auto-réparation se développe de plus en plus, avec des ateliers partout en France, et des "repair-cafés" pour apprendre les rudiments de la réparation ou se faire aider.
C'est d'ailleurs tout l'enjeu des journées de la réparation. 1400 événements sont organisés partout en France jusqu’à dimanche. L'occasion d'aller faire réparer cette vieille bouilloire en panne qui dort dans vos placards.