Claire Koç: "Quand on se sent Français, on a envie de porter un prénom français"

TEMOIGNAGE RMC - Cette journaliste d'origine turque, née Çigdem, a changé de prénom par assimilation à la culture française.
Elle a écrit un livre, “Claire, le prénom de la honte” pour raconter ce qu’elle a vécu, pour dénoncer l'assimilation à la française. Claire Koç, journaliste, raconte être arrivée en France à l’âge d’un an. Elle ne s’appelait alors pas Claire, mais Çigdem.
Au micro de RMC, elle explique que changer de prénom est courant.
“Souvent, quand on se sent Français, on a envie de porter un prénom français. C’est arrivé à de nombreuses reprises dans l’histoire. Sans vouloir me comparer à ces illustres écrivains, il y a eu Apollinaire qui était né à Rome qui s’appelait Guglielmo et il est devenu Guillaume Apollinaire. Il y avait Romain Gary qui s’appelait Roman, Marie Curie qui s'appelait Maria. Donc ça a toujours existé et c’est aussi simple que ça, quand on est Français, on a envie de prénom français. J’ai deux frères qui n’ont pas changé de prénom, mais qui sont Français. Je pense qu’il ne faut pas confondre identité et origine. L’identité, on l'a construit tout au long de sa vie. On ne naît pas avec son identité, mais on naît avec son origine”, explique-t-elle.
Pourtant, lorsqu’elle a changé de prénom en 2008, elle s’est heurtée à l’incompréhension de ses parents. “Tout en toi pue la France”, lui disait-il notamment.
“Je pense que mes parents tiennent la France à l’écart malgré qu’ils y vivent parce qu’ils en ont peur. Cette phrase est violente et c’est ce que j’ai entendu le plus souvent dans mon foyer”, assure-t-elle.
"En France, on m'a appris le nationalisme turc"
Pendant son enfance, aussi, elle raconte avoir été très voir trop souvent renvoyée à ses origines. Elle a notamment été scolarisée dans une école Elco, Enseignements de langue et de culture d'origine.
"On ne sait pas trop ce qui se passe dans ces écoles. Il m’a fallu du temps pour que je me dise ce n’est pas normal que dans l’école de la République, en France, on nous apprenne le nationalisme turc. Il fallait être fier d’être Turc. Mais pourquoi ne nous apprenait-on pas à être des citoyens français? C’est ça qui est assez troublant dans ces écoles Elco”, assure-t-elle, expliquant que selon elle “l’important ce n’est pas d’où l’on vient, c’est où l’on va”.
Enfin, elle raconte qu’un événement assez récent a renforcé son appartenance à la France: les attentats du 13 novembre. “Quand j’ai vu cette jeunesse se faire tuer, j’ai ressenti ce que mes parents ont fui en Turquie puisqu’ils sont originaires d’une minorité religieuse qui a été persécutée. Et lorsque j’ai vu ça, je me suis dit ce n’est pas possible ça revient ici aussi”, explique-t-elle.
Elle assure ne pas avoir écrit ce livre dans un but politique, mais pour s’interroger. “Ce livre, c’est pour se demander comment c’est possible qu’en France on puisse vivre dans ce pays et vivre comme une étrangère”.
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