Assassin's Creed, Civilization, PowerZ... Quand les jeux vidéo permettent d'apprendre autrement
En ce jour de rentrée scolaire, quelques idées pour apprendre autrement, grâce aux jeux vidéo. Il ne s’agit évidemment pas de dire que ça va remplacer les livres, les cours ou les profs, mais ça peut être un complément, à condition que ça soit bien fait. Premier exemple, un jeu français sorti cette année qui s’appelle PowerZ, destiné aux enfants de 6 à 12 ans, et qui se présente comme le Fortnite de l’éducation.
C’est un vrai jeu vidéo, j’insiste sur ce point, comme Zelda, Minecraft ou Pokémon. Avec des beaux graphismes, un univers à explorer, un scénario. On crée son avatar, on a des quêtes à accomplir. Sauf que pour progresser, on va, presque sans s’en rendre compte, apprendre des choses. Pour avancer dans sa mission, à un moment, il faut résoudre des opérations de calcul mental rapide pour que le personnage prenne le bon chemin, ou répondre à un personnage avec des mots en anglais ou en allemand.
>> A LIRE AUSSI - Faut-il encadrer les jeux vidéo? Le débat dans "Estelle Midi"
Au fil des aventures, on va apprendre les maths, la botanique, la mythologie, le langage des signes ou encore la programmation informatique. Gamifier l’éducation des enfants, c’est-à-dire faire appel aux mécanismes du jeu vidéo pour faciliter l’apprentissage, avec des niveaux à passer, des récompenses virtuelles à collectionner. L’astuce, c’est que les parents vont avoir une application en parallèle qui va leur permettre de suivre les progrès des enfants, jour après jour, dans quels domaines, ils se sont améliorés, là où ils ont plus de mal. Et même guider le jeu, pour qu’il donne plus d’exercice de grammaire par exemple. Le jeu, réalisé en partenariat avec des professionnels de l’éducation, compte 20.000 joueurs. Dernier point très sympa: on paie si on veut. Entre 0 et 10 euros par mois, selon l’intérêt qu’on y trouve.
Des expériences plus immersives
Ça, c’est à la maison, mais en classe, certains profs font carrément appel au jeu vidéo comme support pédagogique en cours d’histoire par exemple. De plus en plus de profs intègrent des séquences de jeu pour appuyer leurs cours. L’exemple numéro 1, c’est Assassin’s Creed, une série de jeux d’action et d’infiltration à différentes époques, la Renaissance, la Révolution française ou encore l’Egypte antique. Il existe même un mode de jeu pédagogique, créé à la demande des profs.
Simplement, le joueur va pouvoir visiter, musarder, se plonger dans l’Egypte des pharaons, avec tout le réalisme et le côté immersif offert par les jeux vidéo de dernière génération. On a vraiment l’impression d’y être. C’est une chose de regarder des photos des pyramides ou de les visiter à 360 degrés. On va visiter la grande bibliothèque, aller voir les pyramides ou le sphinx, qui avait encore son nez à l’époque, mais aussi voir à quoi ressemblait la vie de tous les jours pour un habitant du delta du Nil, comment travaillait un potier ou quelles étaient les étapes de la momification.
Et on va être accompagné par des commentaires audio, zoomer sur un bas-relief pour avoir des explications. Une sorte de musée virtuel dans lequel on peut se balader. Finalement, le jeu vidéo devient un outil d’apprentissage de l’Histoire comme un autre.
>> A LIRE AUSSI - Les jeux vidéo, un risque d'addiction? "Ce qui m'énerve, c’est qu’on puisse encore avoir ce débat-là aujourd’hui!"
Et en la matière, on est plutôt en retard par rapport à d’autres pays. De plus en plus de profs sont biberonnés aux jeux vidéo, mais c’est vrai qu’aux Etats-Unis, plus de la moitié des professeurs de lycée utilisent des jeux vidéo comme support au moins une fois par semaine.
Le jeu Civilization V, un jeu de stratégie où l’on bâtit une civilisation depuis ses origines jusque dans le futur a été spécialement adapté pour les cours d’histoire-géo au lycée. Ces jeux permettent aussi d’aiguiser son regard critique. Je pense à celui qui se passe pendant la Révolution, où on peut se balader dans un Paris à l’échelle un pour un reproduit avec une minutie incroyable, sans pour autant tout prendre pour argent comptant.
Et c’est ça qui est intéressant pour les profs, c’est que ça permet de mettre en perspective l’Histoire. On peut s’amuser à se demander si le jeu correspond à la réalité historique, aller chercher des erreurs historiques, et il y en a quasiment toujours, ou même le parti-pris idéologique dans certains cas. Le jeu avait été critiqué par Jean-Luc Mélenchon comme étant un “outil de propagande”, qui caricature un peu trop Robespierre à son goût par exemple. Au-delà de l’aspect purement immersif, ça montre aux élèves que l’Histoire s’écrit toujours, que ce soit dans un livre ou dans un jeu vidéo, à partir d’un certain point de vue.