RMC
Estelle Midi

Il faut bloquer le pays!: face à la hausse des prix du carburants, certains Français espèrent le retour des Gilets jaunes

placeholder video
Des auditeurs d'"Estelle Midi" n'ont pas caché leur volonté de retourner sur des ronds-points face pour se faire entendre par le gouvernement.

Bis repetita? Le plein d'essence n'a jamais été aussi cher depuis plusieurs années. 

La semaine dernière, le litre de gazole valait en moyenne 1,5354 euro, son record historique, selon les chiffres officiels. Le Super SP 98 a pour sa part atteint 1,6332 euro, un niveau qui n'avait plus été vu depuis près de dix ans. La question est ultra sensible pour le gouvernement: les prix à la pompe ont déjà dépassé ceux de l'automne 2018, lors du déclenchement du mouvement des "gilets jaunes".

Autant d'éléments qui donnent d'ores et déjà des idées: au téléphone RMC d'"Estelle Midi", ce mercredi, Philippe, un auditeur, n'a pas caché son intention de descendre sur les ronds-points et se dit prêt à manifester dès samedi contre la hausse du prix des carburants.

"Il faut carrément bloquer le pays! Il y en ras-le-bol qu'on nous prenne pour des cons. Je n'étais pas 'gilet jaune', bien que je les soutienne dans leurs démarches, je pense qu'on est devenus un peuple de moutons. On se fait endormir par nos gouvernants, et si on veut quelque chose, il faudra aller le chercher. Si on attend qu'ils nous donnent un truc, on peut attendre un moment. Je suis prêt à descendre dans la rue samedi, même si c'est un peu trop tôt, mais je suis en colère contre nos syndicats qui auraient déjà dû déclencher une grève générale", lâche ce chef de cantine scolaire dans l'Ain.

Une colère que partage Jacline Mouraud, ancienne figure du mouvement des "gilets jaunes" et désormais candidate à l'élection présidentielle. Répondant à l'appel de Philippe sur RMC, elle lance alors:

"Trois ans après, on est dans le même cas. Le carburant ne fait qu'augmenter. (...) Nous sommes toujours autant taxés. Nous sommes traqués. Le moindre centime que l'Etat va pouvoir nous prendre, il va le faire. Le gouvernement ne se rend pas compte que les gens n'ont plus d'argent. Vous croyez qu'ils peuvent encore mettre du carburant dans leur voiture?" a-t-elle lancé, appelant les ministres à "ne plus vivre en théorie et venir voir ce qu'il se passe"... sans pour autant faire de propositions concrètes.

A six mois de la présidentielle, et alors que la France est comme le reste de l'Europe et du monde confrontée à une augmentation des prix des énergies, sur fond de reprise économique mondiale, l'exécutif a déjà annoncé des mesures spécifiques pour le gaz et l'électricité. Mais aucune sur les carburants... pour l'instant.

Invité de RMC, ce mercredi, le porte-parole du gouvernement se dit prêt à des mesures de "protection". Mais ses marges de manoeuvre, hors l'arme fiscale, sont réduites pour gérer ce sujet socialement et politiquement explosif.

La ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili, a demandé mardi aux distributeurs "de faire un geste en cette période difficile en réduisant leurs marges". Sauf qu'eux, comme Michel-Edouard Leclerc sur RMC, balaient cet argument, soufflant que c'est au gouvernement de montrer la voie à suivre et de faire le premier pas. 

La taxation représente plus de la moitié du prix du carburant. D'abord avec la Taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE), qui représente la quatrième recette fiscale de l'Etat derrière la TVA, les impôts sur le revenu et sur les sociétés (33,2 milliards d'euros de recettes en 2019). Ensuite, la TVA s'applique à la fois sur le carburant et sur la TICPE. 

Marine Le Pen, candidate du RN à l'Elysée, a proposé d'abaisser la TVA sur l'essence, le gaz et l'électricité à 5,5% au lieu de 20%, pour apporter aux ménages français un "choc de pouvoir d'achat". Dans les rangs des candidats de la gauche, Jean-Luc Mélenchon (LFI) prône un blocage des prix de l'énergie, Anne Hidalgo (PS) une baisse de la taxe sur les carburants et Arnaud Montebourg (ex-PS) une baisse de TVA à 5,5% sur l'énergie. 

Xavier Allain avec AFP