Les médicaments personnalisables, connectés, dosés à la demande: c'est pour bientôt

L’une des grandes tendances dans le domaine de la santé, c’est la médecine personnalisée. Exit le médicament lambda en 20 ou 40mg, et arrivée de son médicament, adapté à ses besoins, qui ne sont pas les mêmes qu’un autre patient qui a la même maladie.
Et ça, ça va être rendu possible notamment grâce à l’impression 3D. On va imprimer des médicaments à la demande. C’est ce qu’on commence déjà à faire aux Etats-Unis avec un médicament contre l’épilepsie, qui s’appelle le Spritam peut désormais être imprimé en 3D.
Mais aussi en France, à l’institut Gustave Roussy, où on teste des pilules ultra personnalisées contre le cancer qui associent hormonothérapie et lutte contre les effets indésirables. On part d’une ordonnance, et une grosse machine va venir déposer et doser les différents principes actifs du médicament (un contre la fatigue, un contre les douleurs musculaires…) sous forme d’une pâte, genre chewing-gum. Le tout va durcir et se transformer en pilule.
Il y a plusieurs avantages: plutôt que d’avoir 5 ou 6 gélules à prendre dans la journée, vous en avez une seule, qui va être dosée spécifiquement pour vous. Avec un petit point bonus, on peut imprimer des formes à la demande : des médicaments en forme d’oursons pour les enfants, ou sous forme de gommes à mâcher plutôt qu’un comprimé à avaler. A termes, certains imaginent qu’on pourrait arriver chez le pharmacien avec son ordonnance et se faire imprimer ses médicaments à la minute.
>>> PODCASTS - Retrouvez ici tous les podcasts d'Anthony Morel sur RMC
Autre piste de recherche: des médicaments qu’on n’aurait plus besoin d’avaler, ni même de penser à prendre
C’est une biotech basée à Montpellier qui veut réinventer complétement la façon dont on prend un médicament. Aujourd’hui quand le médecin vous donne une ordonnance, vous allez chez le pharmacien et vous avez des cachets, des pilules à avaler à telle ou telle heure pendant un certain nombre de jours.
Ce qu’a mis au point Medincell, c’est un médicament qui s’injecte sous la peau, sous forme de gel, et qui va libérer son principe actif dans l’organisme très lentement, au compte-goutte, sur 4 ou 5 jours ou même sur 6 mois. Bref, à la fin de la consultation, le médecin vous fait cette piqûre, et vous n’avez plus à vous soucier de rien.
C’est plus pratique pour le patient –on a plus besoin de penser à prendre un médicament tous les jours-, on ingère moins de quantité de médicament –parce que l’action est beaucoup plus ciblée par injection que par voie orale, et surtout ça répond à l’un des grands enjeux de santé publique aujourd’hui : ce qu’on appelle l’observance thérapeutique, c’est-à-dire le fait de bien suivre son traitement.
6 Français sur 10 ne respectent pas leur traitement médical, avec toutes les complications que ça peut causer. Avec un coût estimé à plus de 9 milliards d’euros par an. Et cette technologie est déclinable à l’infini: des médicaments pour les maladies cardiaques, des antidouleurs, des anti-psychotiques ou même des contraceptifs, toujours en utilisant cette technologie: une seule injection et on est tranquille.
Les médicaments de demain pourraient même être connectés
Des médicaments pour nous prévenir qu’on a oublié de les prendre, il fallait y penser! Aux Etats-Unis, la FDA, l’autorité de régulation de la santé a autorisé la commercialisation d’une pilule connectée, capable d’indiquer qu’elle a bien été ingérée. Elle s’appelle Abilify, elle est destiné aux patients atteints de schizophrénie ou de troubles bipolaires.
Ca a l’apparence d’une pilule tout à fait normale. On l’avale, sauf qu’à l’intérieur elle est équipé d’un minuscule capteur électronique de la taille d’un grain de sel, qui va s’activer lorsqu’il entre contact avec les sucs gastriques. A ce moment-là il va envoyer un signal vers un patch qu’on porte sur la peau, et ce patch va lui-même envoyer l’information vers le smartphone du patient: le médicament a bien été pris, à telle heure.
Mais cette information, le patient n’est pas le seul à y avoir accès, le médecin notamment, va pouvoir vérifier depuis son ordinateur, si le médicament à bien été pris. Evidemment ça va poser un certain nombre de questions éthiques. Est-ce qu’on a le droit de transformer un médicament en mouchard? Après on peut comprendre l’intérêt pour le suivi de malades d’Alzheimer par exemple, qui peuvent oublier de prendre leurs médicaments.
>>> A LIRE AUSSI - Des robots médicaments: comment les "xenobots" pourraient nous soigner