Un terrain vendu pour plus de 2 millions d’euros: le boom de l’immobilier... virtuel

Investir dans l’immobilier... virtuel. Une spéculation incroyable est en train de se mettre en place sur des maisons et des appartements numériques, qui se vendent contre des euros bien réels et parfois plus cher que des vrais logements !
Il y a quelques jours, un terrain de 566 m² s’est vendu pour plus de 2 millions d’euros. Petite particularité : il est en pixels, acheté dans le monde virtuel de Decentraland. Une sorte de jeu, ou plutôt dans lequel on peut créer son avatar, assister à des concerts ou des conférences, et surtout acheter un lopin de terre numérique pour y construire sa maison virtuelle, la décorer à son goût (pourquoi pas avec les œuvres d’art virtuelles qu’on a acheté), y inviter ses amis... On est à la frontière entre les Sims et Minecraft. Ces terrains sont vendus sous forme de NFT, qui sont des sortes d'actes de propriétés numériques, infalsifiables : on peut voir l’historique des propriétaires, comment la valeur du bien a évolué... et évidemment revendre, si possible en faisant une plus value. Et les sommes peuvent être considérables, en fonction de la taille et de l’emplacement des biens, comme dans l’immobilier réel. En l’occurrence, il s’agit d’un terrain situé dans Fashion street, apparemment assez huppée et fréquentée, l’équivalent de la 5e avenue ou des Champs-Elysées dans le monde virtuel. Et il servira à accueillir des défilés de mode virtuel et à vendre des vêtements pour les avatars des joueurs. On pourra venir acheter son pantalon et sa chemise virtuelle, contre de vrais euros évidemment. Dans un autre monde virtuel, The Sandbox, un investisseur a dépensé plus de 400.000 euros pour être le voisin virtuel du rappeur Snoop Dogg, qui a reconstruit son manoir à l’identique dans le métaverse.
Une vraie folie spéculative autour de l'investissement dans la pierre numérique
On a peu l'impression d'être chez les fous mais c'est loin d'être un cas isolé: il y a une vraie folie spéculative autour de l'investissement dans la pierre numérique... Rien que la semaine dernière, il s’est vendu dans le monde pour 100 millions de dollars de terrains et d’immobilier virtuel. Ça intéresse beaucoup les marques : Adidas, par exemple, a acheté des parcelles pour plus d’un million et demi d’euros. La Barbade veut lancer une ambassade dans le métaverse, et Séoul une mairie virtuelle, où on pourrait avoir accès à plein de services publics. La spéculation explose depuis les annonces de Mark Zuckerberg et ses ambitions massives pour développer ce monde parallèle dans lequel il nous voit tous vivre dans quelques années... Ça ressemble quand même pas mal à une bulle spéculative... Et d’ailleurs, pour la plupart, ce ne sont pas des investisseurs particuliers, ce sont soit des marques, soit des sociétés d’investissement, qui misent sur l’avenir de cette technologie et achètent d’immenses portions de terrain en espérant les revendre très, très cher quand tout le monde s’y mettra. En tout cas, il faut être prudent... D’abord parce qu’on est au tout début, que de nombreux métaverses sont en train de se créer et on ne sait pas lesquels survivront : si Decentraland devient "the place to be", un investissement aujourd’hui pourrait représenter une fortune dans quelques années, mais il peut aussi bien tomber aux oubliettes du jour au lendemain. Ce qui n’empêche pas la spéculation d’exploser. On peut imaginer un monde où une parcelle dans le métaverse vaudra plus cher qu’un bel appartement haussmanien dans le monde réel...
Et certains ont déjà bâti des fortunes en montant des "agences immobilières" du monde virtuel… Ce n’est pas nouveau : les plus de 30 ans se souviennent sûrement de Second Life, qui était un peu l'ancêtre du métaverse, où on pouvait acheter des biens en Linden dollars, qui s’échangeaient contre des dollars réels... La première millionnaire virtuelle, en 2006, est une Allemande d’origine chinoise, Anshe Chung, surnommée à l’époque par la presse la "Rockfeller de Second Life" (elle avait même fait la couverture de business week), qui précisément a fait de la spéculation immobilière virtuelle son fonds de commerce : elle concevait et vendait des villas et des appartements pour les résidents de Second Life qui voulaient s’offrir un petit bout de terrain virtuel... A l’époque, elle avait créé son agence avec 60 personnes qui travaillaient sous ses ordres pour acheter et vendre ses biens virtuels. A partir d’un investissement de moins de 10 euros, elle avait fini millionnaire... Même si, depuis, Second Life a énormément perdu en popularité. Mais l’expérience risque de se reproduire dans les nouveaux métaverse qui sont en train d’arriver... Avis aux parents ou à ceux qui veulent se reconvertir : le métier d’agent immobilier virtuel a de beaux jours devant lui.