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Darmanin, le cannabis et "la merde": "Pourtant, on ne dit jamais que la cigarette, c'est de la merde"

Gérald Darmanin n'aime pas le cannabis. Et ça s'entend. Le ministre de l'Intérieur a assuré lundi que "la drogue, c'est de la merde". Une parole qui a vivement fait réagir les "Grandes Gueules" de RMC.

Le ministre de l'Intérieur ne veut surtout pas entendre parler de légalisation du cannabis. "La drogue, c'est de la merde", a lancé lundi sur LCI Gérald Darmanin, alors que le maire LR de Reims, Arnaud Robinet, s'est récemment prononcé pour l'expérimentation de la légalisation du cannabis à l'échelle locale. De quoi raviver l'éternel débat au sein du pays qui consomme le plus de cannabis en Europe, malgré l'arsenal le plus répressif du continent.

"La loi de la République, c’est l’interdiction des drogues. La drogue, c’est de la merde, disait le spot télé. Eh bien on ne va pas légaliser cette merde. Avec la légalisation, il y a un petit côté 'je baisse les bras'. Ce gouvernement ne baisse pas les bras", a assuré le ministre de l'Intérieur. Gérald Darmanin faisait notamment référence à une campagne des années 80 contre la drogue et dont le slogan disait clairement "la drogue c'est de la merde".

Un avis partagé par le docteur Jérôme Marty: "Ce que je constate en tant que médecin, c'est que j'ai de plus en plus de patients qui ont une très forte consommation de cannabis", explique-t-il sur le plateau des "Grandes Gueules", avançant des jeunes fumant parfois "plus de 20 joints par jour" et faisant état de leur difficulté à s'en sortir.

"Si tu veux du shit, t'en as !"

"À très grande dose, c'est forcément dangereux, tout comme l'alcool d'ailleurs", rappelle Gilles-William Goldnadel. "Mais on ne connaît pas les effets de la légalisation parce que si tu veux du shit t'en as !", ajoute-t-il.

"On ne dit jamais que la cigarette, c'est de la merde alors qu'il y a 70.000 morts par an, pareil pour l'alcool alors qu'il y a beaucoup de morts aussi par an. Pourquoi on emploie pas ce terme pour ça? On a des mots très durs pour désigner une catégorie de produits liés à une certaine catégories de personnes", estime de son côté Joëlle Dago-Serry.

Si la France est le premier consommateur de cannabis de l’Union européenne, le pays est aussi l’un des plus sévères en matière de répression, en comparaison avec ses voisins. Selon les estimations du cercle de réflexion Terra Nova, la simple dépénalisation du cannabis pourrait permettre d'économiser annuellement 300 millions d'euros avec la baisse des coûts de la répression. Et les recettes fiscales avec la légalisation permettraient à l'Etat d'engranger entre 1,7 et 2,2 milliards d'euros chaque année.

Guillaume Dussourt