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Glyphosate: "On est arrivés au bout de ce système productiviste"

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La question du glyphosate fait de nouveau polémique après la condamnation de Monsanto vendredi dernier aux USA. Le géant américain a été jugé responsable du cancer d'un jardinier américain. Plus loin que la simple question de son interdiction, faut-il tout changer à notre système agricole ?

Monsanto et son glyphosate de nouveau dans l'oeil du cyclone. Le jury d'un tribunal de San Francisco a condamné vendredi le géant de l'agrochimie Monsanto à payer près de 290 millions de dollars de dommages pour ne pas avoir informé de la dangerosité de son herbicide Roundup, à l'origine du cancer d'un jardinier américain.

Les jurés ont déterminé que Monsanto avait agi avec "malveillance" et que son herbicide Roundup, ainsi que sa version professionnelle RangerPro, avaient "considérablement" contribué à la maladie du plaignant, Dewayne Johnson.

"Si c'est interdit en France et pas ailleurs, nos agriculteurs vont se faire bouffer !"

Toutefois, cette molécule est largement utilisée en France. L'agriculteur Didier Giraud a lancé un cri d'alarme dans Les Grandes Gueules ce lundi, en expliquant que le Glyphosate n'est pas la molécule la plus dangereuse utilisée dans l'agriculture et qu'elle est nécessaire à son bon fonctionnement. "Comment on s'en sort nous si le Glyphosate est interdit en France et est autorisé dans le reste du monde ? On va se faire bouffer !"

La journaliste spécialiste des questions d'agriculture Isabelle Saporta était également invitée des Grandes Gueules ce lundi. Elle savoure cette décision de justice historique. "Heureusement qu'il y a la justice pour prendre des décisions courageuses".

"Il faut changer entièrement le système"

Elle vise indirectement dans cette petite phrase certains membres du gouvernement qui auraient des discours forts forts, mais qui n'obtiendraient pas d'assez bons résultats pour lutter contre les substances dangereuses selon elle. Nicolas Hulot, ministre de la transition écologique et ministre d'Etat a parlé de "guerre" contre le glyphosate, mais cela ne suffit pas selon la journaliste.

"Ca suffit d'être dans l'incatatoire !", lance-t-elle avant de faire des observatoins plus larges sur le système actuel. "On est arrivés au bout du bout de ce système productiviste. Quand vous regardez les études de l’INRA (Institut national de recherche agronomique), nos ingénieurs montrent qu’il n’y a plus de gains de rendement. On est plutôt en train d’en perdre des rendements. Donc c’est sûr qu’il faut changer entièrement le système."

"On ne va pas demander aux agriculteurs, tout seuls, sans les protéger, de changer le système"

Le problème d'une éventuelle sortie du glyphosate est la concurrence avec les autres pays européens et mondiaux qui vont poursuivre leur utilisation de ces molécules controversées.

"Là où Didier a complètement raison c’est qu’on ne va pas demander aux agriculteurs, tout seuls, sans les protéger, de changer le système et en les accusant d’être de gros pollueurs. Ca, ce n’est pas possible. Ce qui est sûr, c’est qu’il faut du courage politique.
Ca va bientôt être la réforme de la PAC soit on est capables de les aider, de les accompagner, de faire en sorte de proposer un autre politique. Soit on sera dans l’incantatoire on aura un jour sur deux Nicolas Hulot qui nous dit que c’est pas bien, que les lobbies sont puissants, que l’eau froide c’est froide et que l’eau chaude c’est chaud, et il ne se passera rien."
J.A. avec les GG