Pollution des océans: le pari fou du skipper Yvan Bourgnon et son bateau "mangeur de plastique"
L'idée germe depuis 2016 dans la tête du skipper franco-suisse Yvan Bourgnon. "Un pari démesuré auquel personne ne croyait", a-t-il raconté ce vendredi chez les GG. Le déclic? "Moi qui ai eu la chance de faire le tour du monde en catamaran et de voir ces plastiques partout autour de moi alors que 30 ans auparavant, il n'y avait rien, forcément je me dis qu'il faut tenter", a-t-il aussi expliqué.
Une équipe d'ingénieurs imagine alors un voilier géant, le Manta, qui ira collecter les déchets en mer.
"Très vite on a imaginé des coques qui peuvent piéger les plastiques. Ensuite, il y a des tapis roulants qui font remonter les déchets et une usine embarquée traite directement ces déchets sur le bateau. On a réussi à trouver des solutions pour 'digérer' ce plastique: on utilise la technique de la pyrolyse. On fait fondre le plastique à haute température, qui se transforme en gaz de synthèse qui va lui-même alimenter un turbo alternateur pour fabriquer de l'électricité. On va collecter 5 à 10 000 tonnes de plastique par an. Avec 300-400 bateaux de ce type, on pourrait collecter un tiers de la pollution mondiale", a-t-il aussi détaillé.
Les autres déchets seront stockés puis acheminés vers des filières de recyclage classiques à terre.
56 mètres de long, 30 millions d'euros, le bateau est conçu pour durer "au minimum 30 ans, voire 40, 50 ans" et devrait être opérationnel en 2024. Cap d'abord sur la Méditerranée pour une phase de rodage, puis le navire se dirigera vers l'Asie du Sud-Est, "l'endroit le plus pollué", selon Yvan Bourgnon.