Rokhaya Diallo sur RMC: "L'Etat couvre des agissements racistes et ne met pas en place d'actions"
De nombreux Français se mobilisent contre la violence policière et le racisme en écho à la mort de George Floyd aux Etats-Unis. Après diverses manifestations partout dans l'Hexagone, le gouvernement a décidé d'agir.
Le ministre de l'Intérieur a annoncé lundi une série de mesures destinées à limiter les possibles dérapages liées aux interventions des forces de l'ordre comme l'interdiction de la technique de l'étranglement, mais également la multiplication des caméra-piéton et la suspension des agents tenant des propos racistes lorsqu'il y a des "soupçons avérés".
Rokhaya Diallo était l'invitée du "Grand Oral" des "Grandes Gueules", ce mardi, et a commenté cette série de mesures tout en revenant sur le climat de défiance des forces de l'ordre et la lutte contre le racisme en France.
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"On peut attendre des personnes qui représentent la République soient irréprochables"
"J'attends de voir... La prise de parole (de Christophe Castaner) a été accélérée par des phénomènes de racisme (publiés dans les médias). Il y avait une complicité a minima, un groupe avec 8.000 policiers signifie qu'il y a quand même une forte tolérance (au racisme).
Dans certains groupes il y avait même des appels à la guerre raciale avec des agents qui disent avoir jusqu'à dix armes chez eux. On est dans la mise en danger des citoyens. (...) En tant que citoyen, on peut attendre des personnes qui représentent la République qu'elles soient irréprochables. Là est la question."
"Il y a du racisme qui est produit par l'Etat, la preuve, il a été condamné"
La France a été condamnée en 1999 par la Cour européenne des droits de l'Homme pour torture, et également en 2016 pour contrôles au faciès. Rokhaya Diallo ne dit pas que la police est raciste, ou que la France est raciste, mais que ce sont "les institutions" qui conduisent mécaniquement à des agissements racistes.
"Il y a du racisme qui est produit par l'Etat, la preuve, il a été condamné. L'Etat couvre des agissements racistes et ne met pas en place d'actions. Quand l'Etat français est condamné en 2016 et qu'il n'y a pas de mesures qui sont prises depuis... Il n'y a pas de dispositions au niveau de l'Etat."
"On ne parle pas d'un individu mais d'un fonctionnement qui favorise le racisme"
Rokhaya Diallo prend également appui sur le dernier rapport rendu cette semaine par le Défenseur des droits, Jacques Toubon, qui montre que les personnes perçues comme ayant des origines maghrébines ou africaines ont 20 fois plus de chances d'être contrôlées dans la rue qu'une personne blanche.
"Il y a parfois des institutions qui peuvent produire du racisme. Sur un commissariat du 12e. Le Défenseur des droits Jacques Toubon a parlé de discrimination 'systémique' (dans ce cas). Quand on parle de ça on ne parle pas d'un individu mais d'un fonctionnement qui favorise le racisme."