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Thomas Pesquet, astronaute : "Aller dans l'espace coûte 2 euros par citoyen européen"

L'astronaute Thomas Pesquet, qui doit rejoindre la Station spatiale européenne dans un an, était l'invité ce vendredi des Grandes Gueules sur RMC. Il a regretté que l'exploration spatiale soit parfois critiquée pour son coût.

Il va s'envoler à 450 km au-dessus de nos têtes, et ensuite filer à la modeste vitesse de 28.000 km/h (le nombre de 0 est le bon, NDR). Dans un an, Thomas Pesquet deviendra le dixième astronaute français à partir dans l'espace. L'astronaute de l’Agence spatiale européenne, rejoindra, depuis Baïkonour au Kazakhstan, la Station spatiale internationale, en compagnie d'une astronaute américaine et d'un cosmonaute russe. Avec les trois astronautes déjà sur place, ils seront donc six, pendant six mois, à se serrer dans ce mécano de l'espace qu'est la station, véritable laboratoire de pointe.

"Il faut être stable" pour être astronaute

Mais ne croyez pas que l'année qui vient sera de tout repos pour lui. Son programme ? "S'entraîner au scaphandre, apprendre le programme scientifique d'expérience qu'on va réaliser à bord, connaître la station spatiale par cœur parce qu'il faut faire face à toutes les pannes et réparer nous-même, apprendre le russe pour parler avec nos collègues russes… Il y encore beaucoup de choses à faire qui m'attendent", explique Thomas Pesquet, invité ce vendredi des Grandes Gueules sur RMC.

Il a été choisi parmi de nombreux candidats après un processus de sélection draconien qui aura duré un an, rien à voir avec un casting de La Nouvelle star. "On est des expert en rien, mais on a un petit niveau dans pleins de choses, déclare-t-il avec modestie. Mais il y a deux qualités essentielles, selon lui : "être stable et joueur d'équipe". Pas question de la jouer perso dans l'espace ou de s'isoler dans les 400m3 habitables.

"Un mauvais procès fait à l'exploration spatiale"

La tête dans les étoiles, mais "les pieds sur terre", Thomas Pesquet a été interrogé par la grande gueule Etienne Liebig sur un sujet très terre à terre : le coût de la conquête spatiale. Si le coût de la Station spatiale internationale est estimé à 150 milliard de dollars, Thomas Pesquet assure que "les vols habités en Europe, ça coûte 2 euros par an et par citoyen européen". "Je m'excuse mais ce n'est pas grand-chose par rapport au budget de la Française des jeux, au budget qui part dans les cigarettes, au coût d'une journée de guerre en Irak… ça n'a rien à voir. C'est un mauvais procès que l'on fait à l'exploration spatiale, je ne sais pas pourquoi on a pris cette habitude".

"Des recherches impossibles à faire sur Terre" 

"On fait ça pour la recherche et la connaissance", rappelle l'astronaute, qui met en avant toutes les expériences et recherches effectuées au cours des séjours sur la station. "On n'a pas découvert le vaccin contre le sida, mais on travaille sur le corps en apesanteur, par exemple sur le cerveau et le système nerveux, ce qui permet ensuite d'orienter les traitements sur des gens qui ont des pathologies au sol". Mais encore ? "On fait des recherches sur les alliages, sur les matériaux, parce qu'en apesanteur ces matériaux ne se sédimentent pas et on peut les étudier finement". Des recherches impossibles à effectuer sur Terre. "La station spatiale, c'est le seul moyen que l'on a pour supprimer la gravité. Au sol, on peut tout changer (température, lumière…), sauf la gravité".

"L'objectif, c'est d'aller sur Mars"

Voilà qui occupe la moitié du temps des astronautes sur place, l'autre moitié consistant à "préparer la suite de la conquête spatiale". Avec un objectif : "Aller sur Mars". "On va super vite, mais c'est un environnement difficile. On ne sait pas comment y arrivé parce qu'on n'a pas la technologie aujourd'hui, mais on avance", assure Thomas Pesquet. Si aujourd'hui il faut 300 jours pour aller sur Mars, et autant pour revenir, "en travaillant sur la propulsion on va arriver à réduire cette durée", anticipe l'astronaute.

Philippe Gril avec les GG