Boycott des produits américains: "Plus facile de se passer d'un McDo que d'Apple"

Depuis le retour de Donald Trump au pouvoir aux États-Unis, un hashtag a gagné en popularité et en visibilité sur les réseaux sociaux: #BoycottUSA. Ce mouvement de boycott a conquis plusieurs pays, dont la France. Et cela se vérifie dans les chiffres. Une étude Ifop commanditée par le site "NYC" révèle que près d'un Français sur trois (32%) déclare boycotter actuellement un ou plusieurs produits d’une marque ou d’une entreprise américaine.
Un mouvement au soutien "majoritaire" dans la population. "On a 62% des Français qui soutiennent ce mouvement de boycott", assure ce mercredi sur RMC François Kraus, le directeur du Pôle Politique & Actualités de l'Ifop.
"C'est la côte d'amour la plus faible des 40 dernières années", Selon François Kraus
Un boycott de gauche et de droite
Ce boycott est "multifactoriel". "C'est fortement lié à l'administration Trump", développe-t-il au micro de Charles Matin. "Il prévoit de faire des choses qui sont intenses au niveau des taxes françaises, notamment sur le vin, les choses comme ça, qui pour nous sont essentielles pour vivre et pour la balance commerciale", explique Karine, une Française qui s'est mise au boycott. Chez elle, fini les commandes Amazon et les vêtements de marques américaines.
"Il y a un tropisme de gauche, voire d'extrême gauche. Le boycott est beaucoup plus fort sur les personnes qui se disent progressistes sur les questions de société, qui se sentent heurtées par la ligne politique de l'administration Trump", justifie aussi le directeur du pôle politique et actualité à l'Ifop. Ce dernier rappelle également qu'il y a "aussi des gens de droite qui boycottent, par patriotisme économique".
Certains consommateurs ne sentent pas pas concernés
Certains consommateurs refusent toutefois de prendre part au mouvement. "J'avoue mon caramel macchiato de Starbuck, ça va être compliqué. On ne se dit même pas 'Ah tiens ça c'est américain', non on le prend parce qu'on en a besoin", se défend Anne-Sophie.
Même chose pour Paul, sac McDo à la main: "On n'y pense pas forcément". "Si j'y allais toutes les semaines, je me poserais plus la question, mais j'y vais une fois de temps en temps, ça ne va pas changer grand chose", assure-t-il.
Parmi les produits les plus boycottés, l'étude révèle que les entreprises les plus touchées sont les marques de sodas et de fast-foods. La plus boycottée aujourd’hui est Coca-cola (48%) devant McDonald's (44%).
"Il y a un boycott à la fois du pays comme destination touristique, on a un niveau record de personnes qui ne veulent plus passer un séjour aux Etats-Unis, mais il y a aussi un boycott sur tout un ensemble de produits du quotidien", détaille François Kraus.
Les marques d'Elon Musk ciblées
Les marques d'Elon Musk, soutien et engagé aux côtés de Donald Trump, sont particulièrement visées. Tesla (19%) et X (10%) sont deux entreprises du groupe du millardaire qui souffrent de ses positions politiques. Les immatriculations de Tesla ont baissé de 49% sur un an aux mois de janvier et février dans l'Union européenne (UE), retombant à 19.046 véhicules et 1,1% de part de marché, selon les chiffres publiés mardi par l'Association des constructeurs européens d'automobiles (ACEA).
"On a le leader d'un groupe mondial qui paie cash tout un ensemble de sorties etrêmement clivantes. Il y a tout un mouvement de boycott du groupe, notamment des voitures", note le directeur du Pôle Politique et Actualités de l'Ifop.
Mais François Kraus remarque toutefois une ambivalence car "les marques les plus boycottées sont celles qui emploient le plus de Français, que ce soient les agriculteurs ou les salariés, particulièrement dans le cas des fats-foods."
"À l'inverse, les marques où la marge directe des Américains est plus forte sont des secteurs où il y a beaucoup moins d'alternatives et où l'indépendance est plus compliquée", ajoute-t-il.
Le spécialiste pointe notamment cela comme "le frein principal" au boycott, celui de "la dépendance des jeunes aux nouvelles technologies". "C'est plus facile de se passer d'un McDo que d'un logiciel de Microsoft ou de son téléphone Apple", conclut ainsi François Kraus.