Guerre en Ukraine, droits de douane... Les appels au boycott des produits américains se multiplient

La tension commerciale a baissé d'un cran jeudi après une volte-face des Etats-Unis sur les droits de douane imposés aux produits du Canada et du Mexique voisins. Malgré tout, les produits américains sont visés depuis quelques semaines par des appels au boycott.
Les Canadiens ont été les premiers à réagir et certains choisissent désormais d’acheter canadien et non plus américain : la viande un peu, les alcools beaucoup. Dès le 2 février, le Premier ministre canadien Justin Trudeau écrit sur ses réseaux sociaux : "C’est le moment de choisir des produits fabriqués chez nous, au Canada. Lisez les étiquettes. Faisons notre part. Autant que possible, choisissons le Canada."
Si la guerre est commerciale, la carte bleue est une arme. Côté européen, c’est la question ukrainienne qui crispe et qui a choqué les populations. Le mouvement est parti des pays scandinaves. Au Danemark, un groupe de magasins signale désormais les produits européens en rayon avec une petite étoile noire à côté du prix.
Des groupes Facebook émergent : "Boykot varer fra USA" au Danemark, "Bojkotta varor fran USA" en Suède, où il est écrit que beaucoup se sentent "frustrés" depuis janvier dernier, et que "le monde est devenu un endroit beaucoup plus incertain et imprévisible".
Ont-ils conscience que Facebook est américain ? Pleinement. Ils assument ne pas avoir le choix. Et d’ailleurs, d’une manière générale, ils sont assez lucides sur la difficulté de tourner le dos à tous les produits "Made in USA". Mais on lit quelques conseils :
Faire la part belle au "made in France"
"Envie d’un KFC ? Optez plutôt pour du poulet grillé des restaurants de quartier." "Près d’investir dans une Tesla ? Préférez une Peugeot fabriquée en France", disent nos voisins du Grand Nord.
En France aussi, un agriculteur a lancé un appel au boycott des produits américains. Il s’appelle Édouard Roussez, il est producteur de houblon à Hazebrouck, dans le Nord. Il a également lancé une page Facebook où il écrit : "Marre de financer les dérives impérialistes américaines ? Passez à l’action." On y voit des logos de marques américaines barrés d’une grande croix rouge. "Ici, on s’organise", dit-il. "Priorité au local, au made in France, au made in Europe et à notre souveraineté économique."
Cet agriculteur de 33 ans a été choqué par l’humiliation du président ukrainien il y a une semaine. "Une humiliation pour tous les Européens", dit-il. Tesla et Airbnb sont dans son viseur… Préférer "Le Chat" à ChatGPT, Mappy plutôt que Waze… "Peut-être que ça n'aura pas un impact énorme, mais à mon échelle, j'aurai le sentiment de faire quelque chose."
Les produits américains sont... omniprésents
C’est plus facile à dire qu’à faire. Nous utilisons beaucoup de produits américains ! Nous sommes les clients des Américains, et la presse régionale est remplie de témoignages : ceux qui renoncent à leur McDo du dimanche soir, ceux qui arrêtent Netflix ou Disney+. Admettons-le, il n’est pas facile de sortir les États-Unis de notre consommation.
Ce matin, vous avez peut-être déjà regardé un iPhone, vérifié vos messages sur WhatsApp, fait une recherche Google sur un ordinateur sous Windows, bu un café Starbucks, enfilé des Nike… Peut-être y a-t-il une livraison Amazon dans votre boîte aux lettres.
40.000 emplois en France
Nos rayons, nos placards, notre salle de bains… Le boycott à grande échelle, ça semble compliqué. Et ce n’est peut-être même pas une si bonne idée. Ça ressemble à marquer un but contre son camp. Nous sommes les clients et les salariés des Américains. Coca-Cola a ses usines en France. Les cacahuètes M&M’s sont enrobées en Alsace. La lessive Ariel est fabriquée dans la Somme…
En imaginant que le boycott fonctionne et prenne de l’ampleur, ce sont des emplois français, ici en France, qui seraient impactés. La Chambre de commerce des États-Unis en France revendique 400 000 emplois sur le territoire.