"Face à un barjot comme Trump, pas le choix": faut-il boycotter les produits américains?

La guerre des voisins. Pour protester contre la hausse de 25% des droits de douanes sur les produits canadiens décrétée par Donald Trump, le Canada entend boycotter les produits américains. Sur les réseaux sociaux, des listes de produits américains à boycotter circulent. Et certaines provinces menacent d'arrêter de vendre les alcools américains dans les commerces qu'elles contrôlent.
Et alors que le président des Etats-Unis veut aussi augmenter les droits de douanes sur certains pays européens, la France devrait-elle s'inspirer du Canada et organiser un boycott?
"On doit faire des choix économiques et politiques forts"
Emmanuelle Dancourt se dit prête à boycotter "sans état d'âme". "Il n'y rien d'irremplaçable dans ce que font les Américains", assure-t-elle sur le plateau d'Estelle Midi. "On doit faire des choix politiques et économiques forts. Soit on soutient notre pays face à l'ignominie de Trump soit on est des carpettes"
"Quand on a affaire à un barjot comme lui, on a des choix à faire. Boycott", insiste-t-elle.
Mais l'impact serait limité. Car en fait, on consomme peu de produits américains directement. Certaines marques américaines sont produites en Europe. C’est le cas du Coca dont 95% des bouteilles vendues sur le territoire nationale sont produites dans 6 usines situées en France. Même chose pour le ketchup Heinz: 95% de la sauce de la marque, leader du marché en France, est fabriquée aux Pays-Bas, membre de l’Union européenne.
Un impact "faible"
Même au-delà du symbole: "La capacité de boycott de l'Europe est faible", assure sur RMC et RMC Story Olivier Dauvers, spécialiste de la consommation. "Les gens sont d'accord dans la rue, mais plus personne ne l'est quand on fait ses courses. Quand on en a envie, on oublie les bonnes résolutions prises. On ne va pas tous boire du Breizh Cola", poursuit-il.
Sur les produits non-alimentaires, "il y a les Harley Davidson" mais même les iPhone "sont imaginés par Apple mais fabriqué en Chine", ajoute Olivier Dauvers. "L'usine du monde, ce n'est plus les Etats-Unis, c'est la Chine". En revanche, on importe beaucoup d'hydrocarbures des Etats-Unis tout comme de l'acier. Des produits sur lesquels les consommateurs n'ont pas la main.
De l'autre côté, les Etats-Unis sont le cinquième partenaire commercial de la France. On y vend du vin et du Cognac (98% des ventes de Cognac se font vers l'étranger dont 38% vers les Etats-Unis), des cosmétiques, des produits de luxe et... du fromage!
En 2018 lors du premier mandat de Donald Trump, le président américain avait déjà décidé d’appliquer des taxes sur l’aluminium et l’acier européen. Réaction en quelques mois de l’UE, qui avait elle-même rehaussé les droits de douane sur certains produits US. Un bras de fer qui avait pris fin lors du mandat de Joe Biden.